Frères et Sœurs,
La Pentecôte est l’anniversaire de la naissance de l’Eglise et la fête de la première sortie de l’Église dans le monde. Ce jour-là, touchés par l’Esprit, les chrétiens sont sortis pour parler au monde.
Aujourd’hui, il est intéressant de réfléchir avec les textes de la Pentecôte, à ce que nous pouvons vivre, nous chrétiens dans notre histoire. Comment vivre dans notre monde qui semble , à la fois, de plus en plus globalisé, uniforme et pourtant de plus en plus divisé ?
Des textes que nous venons de lire, je retire trois convictions :
- La première conviction, c’est qu’il faut être fier d’être chrétien dans ce monde.
Il faut oser sortir et exprimer notre foi.
La Pentecôte est une fête de l’Alliance.
Pour les Juifs, la Pentecôte est une fête qui célèbre l’Alliance avec Dieu, une alliance scellée par la loi. Pour nous chrétiens, la Pentecôte c’est aussi la fête de l’Alliance avec Dieu, mais nous y célébrons la nouvelle Alliance, alliance d’amour entre Dieu et les hommes, alliance scellée par l’Esprit Saint.
On parle d’Esprit Saint mais ce qui fait sa sainteté, c’est l’amour. Nous devrions parler d’Esprit d’amour ! La Pentecôte, c’est Dieu qui dit son amour à des hommes et des femmes. Nous célébrons aujourd’hui l’amour que Dieu nous donne gratuitement, sans aucun mérite de notre part ! Dans l’épître aux Romains, saint Paul nous a dit que nous étions des héritiers de Dieu. On ne mérite pas d’être héritier, on l’est tout simplement parce que l’on est le fils ou la fille de ses parents. Nous sommes héritiers de Dieu, car au baptême, nous avons été faits fils et fille de Dieu, nous y avons reçu l’Esprit Saint, nous avons reçu l’Esprit d’amour gratuitement.
Mais l’amour demande à être réciproque, gratuit et libre. Dieu nous aime librement et nous demande de l’aimer librement, Il nous fait confiance et demande notre confiance. La fête de la Pentecôte, c’est la fête d’un Dieu qui nous aime absolument gratuitement, qui nous fait confiance.
Nous sommes fils et filles de Dieu et dans ce monde, nous devons être fiers d’avoir été choisis et d’être dignes de cette confiance !
- La deuxième conviction, c’est que la fête de la Pentecôte nous invite, voire nous oblige à regarder l’autre comme quelqu’un de nécessaire à notre vie.
La Pentecôte est la fête de la différence.
Le récit de saint Luc fait de la Pentecôte chrétienne, un anti-Babel. Chacun se souvient de l’histoire de la tour de Babel ; les hommes s’étaient unis pour construire une tour qui devait monter jusqu’au ciel et rivaliser avec Dieu. Dieu les disperse et multiplie leurs langages : lorsqu’il n’existe qu’une seule langue, quand il n’y a qu’un seul projet, il y a domination de certains hommes sur d’autres. Or Dieu respecte la personnalité de chacun dans sa différence. Dieu refuse la pensée unique et le clonage spirituel. Dieu veut que chacun soit soi-même.
On peut même aller plus loin. A la Pentecôte, chacun comprend dans sa langue ce que l’Esprit Saint inspire aux apôtres. C’est dire qu’ils n’ont pas compris exactement la même chose, car une traduction absolument exacte n’est jamais possible et, de plus, on comprend ce qui est dit avec sa propre culture. Dès la Pentecôte, le message de Jésus s’enrichit. L’Évangile s’est répandu avec tous les éclats possibles parce que le soleil est tellement grand qu’un seul éclat ne le reflèterait pas. Chaque langue donne à percevoir un reflet supplémentaire de l’insondable richesse du mystère de Dieu.
Cela veut dire quelque chose de très important pour nous. Au fur et à mesure que notre culture se développe, que nous nous éparpillons dans le monde, il y a d’autres manières de comprendre le même Évangile.
Le Psaume nous invitait à nous émerveiller de la création. Cette création continue et chaque culture peut y apporter sa richesse. Dieu parle à son Peuple, nous donne le même amour : il faut qu’Il soit entendu dans notre langue aujourd’hui. A la Pentecôte, nous devrions nous réjouir de la diversité que Dieu a voulue et nous engager à la respecter : nous en avons besoin pour le mieux connaître !
- La troisième conviction c’est que la Pentecôte nous demande d’être des artisans de paix et d’unité, là où nous sommes.
La Pentecôte est la fête de de l’unité.
Se respecter soi-même et respecter les autres, faire confiance est assurément un beau programme. Nous en sommes probablement tous d’accord. Nous savons tous qu’il n’y a pas de paix possible, si chacun ne se sent pas en confiance et respecté. Mais beaucoup doivent penser que faire confiance n’est pas très réaliste ni très opérationnel dans un monde de conflits et de guerre. Et ils ont probablement raison.
N’empêche, ce que nous avons entendu dans l’Evangile, cet appel à aimer à été lancé par le Christ quelques heures avant sa mort. Et saint Jean l’écrit dans son Evangile au cœur d’une période de persécution ! Et pourtant il ose rappeler que l’Esprit est amour, lien, lien en Dieu entre le Père et le Fils, lien entre les hommes et Dieu, lien entre les hommes entre eux ; il tient à nous dire que l’Esprit nous est donné pour que nous soyons des hommes et des femmes bâtisseurs d’unité, artisans de relation. Saint Jean nous demande de faire confiance, de trouver, dans un monde difficile, les chemins de la confiance. Toujours. Tout le temps !
Je sais très bien que si vous êtes ici, la plupart d’entre vous, vous faites tout pour être des facteurs de l’unité, des artisans de paix. Mais chrétiens, avec la meilleure volonté, il nous arrive de penser l’unité à partir de nous, avec notre intelligence, notre volonté et notre cœur. Nous voulons imposer nos principes parce que nous y croyons. Et nous constatons que cela ne favorise pas la paix. En fait, il n’y a pas de solutions miracles : que ce soit dans l’Église, dans le monde ou en famille, nous avons reçu l’Esprit d’intelligence, de discernement. Il nous faut nous en servir ! Et pour cela, il faut oser écouter, chercher à comprendre. Mais il faut aussi oser dire oui, oser dire non. Il n’y a pas de principe absolu. Avec l’Esprit, il nous faut toujours inventer un chemin. Chercher la communion et avancer.
Au fond, la Pentecôte, avec la certitude que l’Esprit habite en nos cœurs, nous dit : “ Réfléchis avec Lui, pense avec Lui, tu ne pourras être, dans le monde, le signe du Christ que si tu discernes avec Lui.”
La Pentecôte est un appel à sortir dans le monde en étant fiers de notre foi.
C’est un appel à rencontrer l’autre, à l’écouter, parce qu’on a besoin de lui.
C’est un appel à oser être soi-même.
La Pentecôte est le temps de demander l’Esprit et sa force.
Oui, en cette fête de la Pentecôte, accueillons l’Esprit en nos cœurs et demandons-lui de faire de nous des artisans de paix et d’unité. Oui, Il est prêt à nous donner sa force !
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