Frères et sœurs,
Les deux apôtres que nous célébrons en ce jour, saint Pierre et saint Paul, sont deux colonnes de la foi et de la mission de l’Église. Saint Pierre et saint Paul sont deux hommes très différents, mais ils sont unis par une même foi, ils ont été appelés par le Christ, dans des circonstances différentes, à porter le témoignage de l’Évangile jusqu’aux extrémités du monde, au prix même du martyre.
Dans l’Évangile de Matthieu que nous méditons en ce dimanche, nous entendons la belle profession de foi de Pierre qui prend la parole devant tous les autres disciples et déclare avec conviction : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » À cette belle profession de foi, Jésus répond en confiant à Pierre une mission :
Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église.
Remarquons que Pierre n’est pas choisi pour sa perfection. Nous savons tous son reniement face à la souffrance de la passion. Mais Pierre est choisi pour sa foi vivante, pour sa capacité à se laisser relever par le Seigneur après ses chutes.
Son témoignage de vie et toute sa mission vont se construire sur cette conviction d’être aimé par le Seigneur et sur sa capacité à se laisser porter, dans la fidélité, par la miséricorde de Dieu, jusqu’au don de sa vie. La vie de saint Pierre n’a pas été sans épreuves. Le récit des Actes des Apôtres dans la première lecture nous montre Pierre, porté par la prière des apôtres, délivré miraculeusement de sa prison. C’est le signe que le Seigneur n’abandonne jamais ceux qui s’engagent pour lui, malgré les épreuves et les persécutions.
Les chemins de Pierre et de Paul sont marqués par les difficultés, l’incompréhension, la souffrance. Mais ils persévèrent, portés par la confiance dans le Seigneur.
Dans la seconde lecture de ce jour, saint Paul, au soir de sa vie, rend grâce : il a « combattu le bon combat », il a « gardé la foi ». Paul reconnaît que, dans ses épreuves, « le Seigneur l’a assisté » et lui a donné la force de proclamer l’Évangile. Son témoignage nous montre qu’annoncer le Christ ne se fait pas sans difficulté, mais que Dieu ne nous abandonne jamais dans nos missions. Lui aussi n’était pas prédestiné à cette mission : persécuteur de l’Église, il en devient l’apôtre passionné, avec un amour et un zèle missionnaire impressionnant. Son chemin missionnaire est un élan vers les autres, une sortie constante pour annoncer à tous la merveille du Christ ressuscité et accompagner les communautés qu’il a fondées.
Frères et sœurs, quel enseignement retenir de la vie de saint Pierre et saint Paul pour notre vie chrétienne aujourd’hui ?
Leur témoignage nous rappelle que la foi n’est pas un trésor à enfouir mais une flamme à transmettre. Comme eux, nous sommes appelés à confesser notre foi et à la rendre vivante, même lorsque cela demande courage et fidélité, même lorsque cela nous demande de ramer à contre-courant des valeurs de notre société où Dieu est parfois oublié. Pierre nous invite à l’humilité : reconnaître nos fragilités, accepter d’être relevés par le pardon du Christ et reprendre la route. Paul nous encourage au zèle missionnaire : ne pas garder notre expérience de Dieu pour nous-mêmes, mais chercher à en témoigner dans toutes nos relations, à être attentifs à ceux qui ne connaissent pas encore la joie de croire. Et à continuer à affermir la foi de ceux qui ont rencontré le Christ mais dont la flamme vacille sans cesse.
Concrètement, cela nous engage à trois choses.
D’abord, cela nous engage à nourrir notre foi par la prière, la Parole de Dieu, et les sacrements : ce sont là nos racines, comme Pierre et Paul l’ont vécu. Et c’est ce qui fait de nous des « pierres vivantes » de l’Église, des hommes et des femmes engagés dans nos communautés, là où nous vivons, dans le service, l’accueil, l’écoute, et l’annonce de l’Évangile.
Ensuite, cela nous engage, à témoigner avec audace, par nos paroles et par nos actes au quotidien, de l’espérance et de l’amour reçus du Christ. À ne pas craindre le regard des autres, à affronter parfois les incompréhensions ou les rejets, comme Pierre et Paul, et à demeurer fermes, confiants que le Seigneur « demeure à nos côtés ».
Enfin, cela nous engage à ne jamais nous décourager : les apôtres ont connu la prison, la solitude, parfois l’échec apparent, mais leur confiance en Dieu a transformé leurs épreuves en victoire.
Frères et sœurs, ces trois engagements résument bien l’essentiel de l’expérience missionnaire que j’ai faite au sein de notre communauté paroissiale à Chaillot. Merci à chacun et à chacune pour cet effort quotidien du service, de l’écoute, de l’accueil, du témoignage de vie. Merci au père Ollier qui m’a accompagné avec l’équipe sacerdotale de la paroisse en me rassurant, en me faisant confiance et en étant disponible et à l’écoute toutes les fois où j’en ai eu besoin.
Merci à tous ces visages, prêtres, évêques, religieux et religieuses, laïcs que j’ai rencontrés au fil des années, au fil des célébrations, rencontres, événements paroissiaux. C’est un trésor de foi, de fraternité et d’amour que j’ai reçu de vous et que j’emporte dans mon cœur.
Les premières années de vie d’un prêtre sont fondatrices. Vous avez contribué par votre présence, votre sollicitude et votre prière, à consolider cette fondation. Je vous remercie pour cela. Continuez à prier pour moi.
À la suite de saint Pierre et saint Paul, demandons au Seigneur la grâce d’être nous aussi des témoins joyeux, humbles et persévérants. Que leur intercession nous aide à marcher sur le chemin de la foi et de la mission, pour que, par notre vie, beaucoup puissent découvrir ce Dieu qui nous aime et nous appelle à son service, ce Dieu qui « nous arrache au mal et nous introduit dans son Royaume ». Amen.
Père Jean-Valère Kouwama, Religieux assomptionniste
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