Frères et sœurs, l’évangile d’aujourd’hui est plutôt brutal.
Voici un homme qui cherche le bonheur, qui vient rencontrer le Christ … et cela ne marche pas : il n’y a pas de rencontre vraie : il repart tout triste !
Pourquoi ?
Il est bon de reprendre un instant leur entretien. La question de l’homme riche est claire : « que dois-je faire pour être heureux ? » La réponse de Jésus est étonnante : il parle des commandements, en cite six sur les dix (en oubliant ceux qui ont trait au rapport avec Dieu) : dans les six qu’il cite, il ne mentionne pas celui sur la convoitise et le remplace par un autre : « Ne fais de tort à personne ». Saint Marc ajoute que Jésus pose son regard sur lui et se met à l’aimer. Qu’a vu Jésus ? Un homme sincère, un homme qui respecte les principes, qui pense faire tout son possible mais pas bien dans sa peau. S’il ne lui cite que les commandements ayant trait aux relations avec les autres, c’est qu’il sent que c’est là que le bât blesse. Au fond il lui dit « je sais que tu n’as ni tué, ni volé, ni fait de tort à personne que tu fais ton possible pour les autres, mais sais-tu rencontrer, aimer ? »
La foi est d’abord une rencontre.
Le sentiment religieux peut être excellent mais la foi est autre chose ! C’est une rencontre.
Chacun a sa manière de vivre cette rencontre, j’allais dire sa vocation. Si le riche d’aujourd’hui a été appelé à suivre Jésus, à se joindre aux apôtres, un autre riche, Zachée, a lui vraiment rencontré Jésus mais pour autant a gardé son métier et la gestion de sa fortune.
Chaque rencontre est personnelle et c’est là que l’évangile d’aujourd’hui est rude. Au fond, nous voulons tous le bonheur, la clé pour bien vivre, la vie. Mais la vie éternelle n’est pas d’abord une vie qui dure toujours mais une vie digne de Dieu, une vie de relation, de rencontre. La vie éternelle est une vie de rencontre. Et l’évangile d’aujourd’hui nous pose la question : « Et toi, et moi ? Suis-je capable de rencontrer en vérité, suis-je capable d’aimer » ? Ce n’est pas à nous de nous juger mais les textes d’aujourd’hui nous donnent quelques critères pour un examen de conscience.
Trois idées me sautent aux yeux.
Est-ce que je suis vraiment libre ?
Pour rencontrer vraiment quelqu’un, fut-ce le Christ, il convient d’être disponible intérieurement ! L’homme de l’Evangile n’était pas disponible, il était prisonnier de ses biens, mais nous pouvons être prisonniers d’autres types de biens: familiaux, culturels, idéologiques, sociaux. Beaucoup de choses nous rendent indisponibles. Nous pouvons être accaparés par nos soucis et nos responsabilités. Bref, pour rencontrer vraiment l’autre, il faut être prêt à évoluer et à changer quelque chose de soi-même. Chaque rencontre véritable est toujours une aventure.
Est-ce que je sais écouter ?
C’est la deuxième idée qui me vient. Savoir écouter l’autre, savoir écouter la Parole de Dieu. Il est facile de croire savoir ce que pense l’autre … et encore plus facile de croire savoir ce que Dieu nous demande ! Cela n’est jamais comme nous pensons… Il faut savoir écouter. Je vous renvoie à la deuxième lecture sur la Parole de Dieu : cette Parole ne dit la même chose à chacun…car chaque relation avec Dieu est unique. Et pour entendre cette Parole, il convient d’aimer le silence dans lequel Sa Parole résonne, qui laisse une place à l’écoute et à l’intelligence pour discerner.
Est-ce que j’ai le souci des autres dans mes responsabilités ?
La première lecture nous invite à être des personnes qui exercent leurs responsabilités pour le bien des autres et jamais pour leur propre bien. Le livre de la Sagesse évoque le Roi Salomon. Alors que, tout jeune, il devient roi, Dieu lui demande de faire une prière en lui assurant de l’exaucer. Le jeune roi ne demande aucun avantage pour lui mais demande la sagesse pour bien savoir tenir ses responsabilités et gouverner. Il veut être sage, il ne demande ni or, ni triomphe, ni gloire.
Le psaume que nous avons chanté nous appelle aussi à agir avec humilité et de reconnaître nos limites.
Être libre, savoir écouter, être responsable et agir pour le bien des autres en étant humble sont des critères de la véritable foi.
Mais l’Evangile d’aujourd’hui en ajoute un qui est peut-être le plus essentiel.
Il faut croire au bonheur pour les autres et pour nous.
Le Christ promet la vie. Il nous faut croire au bonheur. Croire que le bonheur est possible. Croire que le bonheur est pour nous. Ce n’est pas si facile de croire que l’on peut être heureux. Ce n’est pas si facile de penser que Dieu nous aime personnellement au point de faire de nous ses héritiers, sans aucun mérite, gratuitement, sans condition. Croire que Dieu nous aime, avec le souhait que nous lui ressemblions et que nous sachions rencontrer et aimer.
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