Dimanche dernier, frères et sœurs vous vous souvenez que Jésus dans l’évangile, nous invitait à être fidèles dans la prière, à persévérer dans la prière.
Souvenez-vous ! QQA: quoi qu’il arrive, avoir confiance.
Aujourd’hui, dans cette autre parabole, il s’agit du contenu de la prière et de ce qu’elle doit produire en nous. Deux figures nous sont proposées, celles d’un pharisien et d’un publicain. Tout de suite, disons, avant de regarder plus près, que nous sommes un peu publicain et un peu pharisien. Nous pouvons nous reconnaître dans chacune de ces deux figures. Alors, regardons.
Première figure : le pharisien.
Pharisien, cela veut dire : séparé. Séparé, déjà, c’est se mettre à part et se considérer comme autre. C’est le type même du bon pratiquant, qui accomplit de multiples œuvres. Ce qu’il fait n’est pas mal : jeûner deux fois par semaine. Qui le fait ici ? Il n’y a pas beaucoup de mains qui se lèvent. Il donne 10% de ses revenus. C’est pas mal. C’est un homme rigoureux, peut-être un peu formaliste. Le problème, c’est qu’il coche des cases et se sent quitte envers Dieu. Dieu, dont il n’attend pas forcément grand chose. Sa prière va être pervertie par la vanité et l’orgueil de ce qu’il fait par rapport aux autres. Cet orgueil qui naît dans son cœur, fait que sa prière n’est plus une prière. Sa prière va devenir un regard sur lui-même, et une mise en valeur de lui-même, en regardant de manière hautaine les autres. Sa prière est pervertie. Finalement, il n’attend plus rien de Dieu, il sait qu’il peut compter sur lui-même qui accomplit toutes ces choses.
Ainsi, frères et sœurs, reconnaissons-le, il peut nous arriver d’être pharisien lorsque nous regardons les autres, en les surplombant. N’oublions jamais ce passage de l’évangile où – Jésus ne surplombe jamais-, au moment où il va donner sa vie, il se met aux pieds de ses disciples pour les regarder non pas de haut en bas, mais de bas en haut. Il va laver les pieds de ses disciples, en disant : vous aussi, faites de même.
Quand nous surplombons les autres, voire quand nous les méprisons, lorsque que nous nous mettons au-dessus de ceux qui sont différents, de ceux qui n’accomplissent pas les choses comme nous. Vous connaissez l’adage ? « Quand je me regarde, je me désole. Quand je me compare, je me console. »
Oui, parfois il nous arrive de vivre cela. Et plus grave encore, il nous arrive de nous justifier de ce que nous faisons de mal, de nous donner nous-mêmes l’absolution, en nous disant : après tout, tout le monde le fait !
Alors qu’être chrétien aujourd’hui, c’est certainement ne pas faire ce que tout le monde fait. C’est cela, être chrétien dans beaucoup de domaines aujourd’hui.
Ne pas faire comme tout le monde, c’est difficile bien sûr, mais c’est l’attitude juste qui manque à ce pharisien qui se regarde lui-même, au lieu de regarder la miséricorde de Dieu qui vient le sauver, qui s’appuie sur ses propres œuvres, au lieu de s’appuyer sur le pardon et sur la miséricorde.
Alors petit exercice, si vous vous sentez pharisien cette semaine. Mettez dans votre cœur, une personne qui vous agace. Là, il y en a pour tout le monde. Il y a forcément des personnes qui vous agacent. La première que vous rencontrez cette semaine, tâchez de lui trouver une qualité qu’elle possède et elle en a certainement. Ne vous trouvez pas meilleur qu’elle, mais reconnaissez une qualité, un talent qu’elle possède.
Bel antidote contre notre pharisaïsme à nous aussi.
Deuxième figure : le publicain.
Lui, c’est le contraire, il est dans la pénombre. Parfois, nos assemblées ressemblent à des assemblées de publicains, tellement les premiers rangs sont vides, et les fidèles au fond, – ce n’est pas tout à fait le cas aujourd’hui. Lui, c’est pas un bon type. C’est un collaborateur, collecteur d’impôts. Il collabore avec les Romains et c’est certainement aussi un voleur. Pensez à d’autres publicains dans l’évangile comme Zachée, il mettait souvent la main à la caisse.
Et pourtant, c’est lui qui est justifié, qui est rendu ajusté à ce que Dieu attend. Il n’a rien à offrir, sinon l’aveu de sa faiblesse et de son péché, ainsi que sa confiance. Et Dieu craque. Dieu craque, lorsque nous lui offrons notre pauvreté et notre petitesse, ce que nous sommes en vérité. Et c’est cela qui est pour lui un chemin de conversion. L’évangile est plein de ces figures qui sont de grands pécheurs et qui touchent le cœur de Dieu et qui sont retournés et continuent leur chemin d’une autre manière. Marie-Madeleine, Zachée, le fils prodigue, le bon larron, évidemment à la dernière minute… Tous ceux-là sont ceux qui ont compté, non pas sur leurs propres forces, non pas sur leurs œuvres qu’ils reconnaissent mauvaises, mais sur la miséricorde et le pardon de Dieu.
Voilà l’attitude juste : » Qui s’élève, sera abaissé » : le pharisien. « Qui s’abaisse, sera élevé » : le publicain. C’est la pointe bien sûr de l’évangile, de cette parabole. C’est la leçon que Jésus nous donne. C’est ce qu’il vit lui-même. Lui qui est le plus haut, il s’est abaissé, pour être élevé, en nous entraînant à sa suite.
Alors petit exercice cette semaine, une bonne préparation à la Toussaint, si vous vous sentez un peu publicain. Intégrez dans votre prière, chaque jour, cette parole qui reprend en partie, la prière du publicain, vous la connaissez, c’est la prière du pèlerin russe : « Jésus, Fils de Dieu Sauveur, prends pitié de moi pécheur. » « Jésus, Fils de Dieu Sauveur, prends pitié de moi pécheur. » Cette prière dite jour après jour, façonne en nous, ce cœur d’humilité que Dieu affectionne, le cœur de la Vierge Marie, le coeur de ceux qui sont convertis, le cœur de ceux qui reconnaissent que Dieu est grand, qu’il peut accomplir des merveilles, que c’est Dieu qui est le maître. Ouvrons notre cœur à ce chemin qui s’ouvre devant nous, jusqu’à la fête de la Toussaint. Que notre prière n’attende pas d’autre chose que Dieu lui-même. Que notre prière soit une prière qui ne nous regarde pas nous-mêmes, mais qui regarde Celui qui est la source de tout amour, de toute bonté, de toute miséricorde, bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer.
Béni sois-tu, Seigneur, de nous donner ces deux figures en exemple.
Nous savons que nous sommes l’un et l’autre. Donne-nous de nous convertir à la mesure de ce que nous sommes, pour devenir vraiment de tes disciples, ajustés à la grâce, humbles, ouverts à ta miséricorde.
Béni sois-tu, Seigneur, mets en nous des graines de saint, comme nous allons les fêter dans quelques jours. C’est notre vocation, c’est notre chemin qui passe par celui de l’abaissement comme tu l’as vécu toi-même. Non pas une faiblesse, mais une grandeur de se reconnaître tels que nous sommes devant toi. Seigneur, nous t’en rendons grâce. Amen
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