Homélie du 3e dimanche de Pâques, 4 mai 2025, Père Ollier

   QU’EST-CE QUE LE PAPE ?

 Parfois les questions les plus simples sont les plus pertinentes. Aussi, je m’interroge  aujourd’hui, avec vous sur ce sujet : qu’est-ce que le pape?

Je le fais avec toute l’Église, à la veille du conclave,  je le fais avec le collège des cardinaux électeurs qui auront à choisir le successeur de Pierre.

Choix déterminant, choix responsable qui me fait me souvenir d’une conversation que j’ai eue avec le Cardinal Lustiger – dont je fus le secrétaire, vous le savez – au moment du conclave  qui allait aboutir à l’élection du pape Benoît XVI, c’était à Rome. Nous parlions du successeur de Jean-Paul II et de la gravité de cet acte. Le cardinal s’est arrêté et m’a dit : “ tu ne te rends pas compte, c’est la décision la plus importante de toute ma vie que je vais devoir poser, l’acte le plus important de toute mon existence en choisissant un successeur à saint Pierre.”

Qu’est-ce que le pape ?

  1. La réponse du Ressuscité

Pour savoir ce qu’est le pape, comment ne pas interroger Celui qui a institué le ministère pétrinien :  le Christ ressuscité.

La Providence veut qu’en ce dimanche, veille du conclave, la liturgie fasse entendre à toute l’Église, le récit du choix de saint Pierre comme Pasteur. Je ne peux croire à une simple coïncidence.

La scène se déroule au bord du lac de Galilée. Les disciples sont repartis à leur travail. Ils vont à la pêche pour quelques-uns d’entre les douze. Ils n’ont rien pris de la nuit. Le Christ est présent sur le rivage et les interroge : “Avez-vous, les enfants, quelques poissons ?

Le dialogue suit entre Jésus et Pierre. Ce dialogue fonde précisément ce que doit être le critère du choix du pape. Vous l’avez entendu.

Il porte sur la simple réponse à la question “ m’aimes-tu ?”

C’est le seul critère qu’avance le Christ ressuscité dans le choix du Pasteur suprême.

Le seul critère de choix est la réponse d’amour à l’amour de Jésus pour son Église.

Un amour qui fait fi de la faiblesse, de la trahison, et du péché.

Saint Augustin, dans un très beau sermon, fait le lien entre la triple trahison de Pierre – Pierre a trahi Jésus trois fois – et trois fois où il a confessé son amour “Trois fois « nescio (je ne connais pas pendant l’arrestation) trois fois « Amo”(je t’aime) en ajoutant “Tu le sais bien, Seigneur.” ( Sermon 295,4)

L’amour seul est digne de foi de la part des hommes, l’amour seul est digne de confiance de la part de Dieu.

Dans un dialogue fameux de saint François avec frère Léon, François interrogeait Léon :

“ Qu’est ce que la pureté du cœur ? Frère Léon disait : “ c’est de ne pas commettre de péché.”  Et saint François de répondre : “nous commettons chaque jour des péchés. Ce qui fait la pureté du cœur, c’est l’adoration de Dieu. L’adoration de l’amour invincible de Dieu.  Si nous voulons avoir le cœur pur, il nous faut reconnaître et adorer l’amour de Dieu, par nous et en nous.”

Ainsi, le seul choix, le seul critère de choix de la part du ressuscité est l’amour du Christ.

Vous remarquerez, frères et sœurs, que le seul critère du choix de Pierre n’est pas explicitement l’amour de l’Église, l’amour des brebis auxquels on s’attendrait.  “Simon, aimes-tu l’Église ? En conséquence, sois le berger de mes brebis.”

Le seul critère est “ M’aimes-tu ?”

  1. L’Eglise communion.

 C’est que l’Église est la communion du Christ avec l’humanité.  Ce mot de communion pour désigner l’Église est fort ancien. Il date des premiers écrits de l’Évangile. Saint Jean dans ses lettres écrit : “Ce que nous avons vu, contemplé de nos yeux, touché de nos mains du Verbe de Vie, nous vous l’annonçons pour que vous soyez en communion avec nous.  Et notre communion est avec le Père et son Fils Jésus.” ( 1 Jn, 1-3)

L’Église est une communion d’amour, c’est là son style propre, sa définition. Le Concile Vatican II l’a remis en évidence. L’Église est une communion et je dois vous avouer que j’ai  beaucoup souffert ces temps-ci d’entendre sur les plateaux télés parler de l’Église d’une manière très mondaine. Comme si elle n’était qu’une réalité politique. L’Église n’est pas d’abord une hiérarchie avec le pape à son sommet, l’Église est une communion et le pape, en tant que  pasteur suprême de l’Église, se doit d’être en communion avec l’ensemble des évêques et de l’ensemble de l’Église.

J’ai reçu il y a quelques jours un futur candidat à l’ordination sacerdotale à Paris – ils seront 12 cette année -. Je lui faisais remarquer, lorsque nous relisions le rituel d’ordination, la promesse qui est faite par les candidats : “Promettez-vous de vivre, avec moi et mes successeurs, demande l’évêque, en communion, dans le respect et l’obéissance. La communion exige une plus grande qualité d’âme, d’écoute, de compréhension, de respect de la part de ceux et celles qui s’y exercent que la simple obéissance. C’est cela que l’Église s’efforce de vivre entre ses différents membres.

 Au service de l’unité

  Le pape est celui qui aime le Christ plus que tout.

Le pape est au service de la communion de l’Église.

Le pape est aussi au service de l’unité de l’Église et l’expression de son unité.

C’est pourquoi son pouvoir est unique.

Il est ordinaire, suprême, universel, immédiat et plénier.

Frères et sœurs, à la veille de ce conclave si important, je vous invite maintenant à proclamer  la foi de l’Église. En effet, en confessant la foi de l’Église, nous confessons aussi le ministère qui a été confié à Pierre. Puis nous prierons en silence une minute, debout, pour les cardinaux électeurs du prochain pape. Qu’ils soient éclairés dans leur conscience, dans leur intelligence par Dieu, conduits par un Esprit de charité, par un Esprit de service, par un Esprit de communion, pour choisir le pape qui convient aujourd’hui à l’Église.

Amen.

 

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