La joie du Seigneur est notre rempart. Sa Parole est source de délices et d’espérance.
Frères et sœurs dans le Christ, les textes de la Parole de Dieu que nous méditons en ce 3e dimanche du temps ordinaire prennent un sens particulier dans le contexte jubilaire que nous célébrons cette année en Église. Ces textes éclairent notre chemin en tant qu’Église et nous offrent des clés pour vivre avec ferveur ce temps d’espérance, de conversion et de joie. Dans ma méditation de ce jour, je vous propose trois pistes pour entendre avec un regard d’espérance cette nouveauté et cette actualité de la Parole de Dieu au cœur de notre année jubilaire de l’Espérance.
Premièrement, une année jubilaire est un temps pour accueillir la Bonne Nouvelle de l’Évangile.
Dans l’Évangile de Luc, nous sommes au début du ministère public de Jésus. Jésus retourne à Nazareth, dans sa ville natale. Il entre dans la synagogue, ouvre le rouleau du livre d’Isaïe et proclame cette parole pleine d’Espérance : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. »
Ce passage du livre d’Isaïe que proclame Jésus s’inscrit justement dans le prolongement des années jubilaires du peuple juif. Un jubilé, dans la tradition biblique, est un moment de restauration : les dettes sont remises, les esclaves libérés, et la justice rétablie. Il s’agit d’un temps de renouvellement spirituel, de retour à Dieu qui est vécu.
Lorsque Jésus déclare que cette prophétie s’accomplit aujourd’hui, il nous annonce que lui-même est le « Jubilé permanent », qu’il est la Bonne Nouvelle actuelle et permanente qui donne l’espérance et la libération de manière perpétuelle. Avec Jésus, le jubilé n’est plus un événement limité dans le temps, mais une Bonne Nouvelle qui demeure pour toujours. Si Jésus, le Verbe de Dieu s’est fait chair dans notre monde, c’est pour témoigner de cette présence continuelle et permanente de Dieu dans notre monde. Chaque jubilé est un moment pour nous plonger dans cette Parole et proclamer que la Bonne Nouvelle, celle qui relève les pauvres, guérit les blessures, et rend la vue aux aveugles, est bien vivante et à l’œuvre ici et maintenant.
Deuxièmement, au cœur de l’année jubilaire, la Parole de Dieu nous rejoint de manière particulière et individuelle.
Le récit du livre de Néhémie que nous avons entendu dans la première lecture nous dit quelque chose de cette Parole de Dieu qui rassemble et transforme chaque membre de la communauté croyante. Le peuple d’Israël, rassemblé autour d’Esdras après un long temps d’exil, entend à nouveau les paroles de la Loi. Certains pleurent de reconnaissance, touchés par la puissance de cette révélation, tandis que d’autres retrouvent l’espérance. La Parole de Dieu entendue est la même, mais elle nous touche différemment, selon notre état intérieur. Au cœur de nos joies ou de nos détresses, elle vient nous révéler une dimension importante de la présence de Dieu. Mais le plus important dans cette expérience, c’est ce que rappelle Néhémie à tout le peuple : « Ce jour est consacré au Seigneur votre Dieu ! Ne prenez pas le deuil, ne pleurez pas ! (…) Ne vous affligez pas : la joie du Seigneur est votre rempart ! »
La Parole de Dieu, loin de nous accabler, a pour objectif de nous relever, de nous illuminer et de nous réjouir. Elle tisse en nous et entre nous des liens de communion, et elle nous rappelle que Dieu continue d’agir dans nos vies, même quand nous nous sentons égarés.
Aujourd’hui, prenons le temps de relire notre propre expérience avec la Parole de Dieu. Comment la Parole de Dieu nous touche et nous parle ? Combien de fois nous sommes-nous laissé accompagner par cette Parole ? Combien de fois avons-nous découvert qu’elle était une consolation, une force ou un guide dans les moments difficiles ? La Parole de Dieu n’est pas un simple récit du passé. Elle nous parle et nous interpelle aujourd’hui et de manière personnelle. Elle est vivante et rassemble les cœurs dispersés pour leur donner une espérance nouvelle. Et c’est pourquoi, au cœur de la liturgie de l’Église, la Parole de Dieu a toute sa place et son importance. C’est elle qui fait l’unité et rassemble le peuple de Dieu. Si nous voulons qu’elle soit source d’espérance pour nous, nous sommes appelés à l’accueillir et à la laisser transformer nos cœurs au cours de cette année jubilaire.
Troisièmement, la Parole de Dieu est au service de l’unité dans la diversité
Dans la deuxième lecture, saint Paul, dans sa lettre aux Corinthiens développe une image profonde pour nous aider à comprendre l’impact de la Parole de Dieu dans nos vies et notre mission comme communauté ecclésiale. Il compare l’Église à un corps dont le Christ est la tête. Ce corps, formé d’une diversité de membres, ne fonctionne jamais pleinement sans la participation active de chacun.
De même, la Parole de Dieu prend vraiment racine en nous lorsque nous réalisons que nous sommes appelés à vivre en communion, à nous enrichir mutuellement par nos dons et nos charismes, et à mettre nos singularités au service de la mission universelle de l’Église. Personne n’est inutile dans l’Église. Chaque membre, même le plus petit, est vital dans l’annonce et le témoignage de l’Évangile. Lorsqu’un membre de ce corps manque, c’est l’Église entière qui souffre parce qu’elle est blessée de l’absence d’un de ses membres.
Ainsi, lorsque nous écoutons la Parole de Dieu, elle ne reste pas une information ou une méditation personnelle isolée. Elle nous pousse à agir ensemble pour annoncer la Bonne Nouvelle dans le monde. Sources de paix, de pardon, et d’unité, nous devenons les témoins visibles de cette joie du Seigneur que Néhémie appelle un « rempart ».
Chers frères et sœurs, la Parole de Dieu est une semence vivante qui demande à être accueillie dans nos cœurs, arrosée par la prière, nourrie par l’eucharistie, et mise en pratique par nos engagements. La Parole de Dieu n’est pas réservée à une lecture solitaire. Elle se partage, se discute, et se vit en Église, chacun selon sa sensibilité. Les groupes de prière, les assemblées liturgiques ou les activités paroissiales sont des moyens concrets pour laisser la Parole inspirer nos vies ensemble.
Lorsqu’elle prend racine en nous, la Parole de Dieu nous transforme. Elle fait de nous les « messagers » de ce que Jésus a proclamé dans la synagogue : messagers de Bonne Nouvelle pour les pauvres, messagers de libération, et lumière pour les aveugles. Par nos engagements, par la manière dont nous vivons nos relations et assumons nos responsabilités, nous faisons découvrir aux autres que cette Bonne Nouvelle est bien vivante et active aujourd’hui.
Que cette joie de la Parole, une Parole vivante et actuelle, nous accompagne, qu’elle prenne racine dans nos vies, et qu’elle porte des fruits de foi, d’espérance et de charité. Ne nous affligeons pas : la joie du Seigneur est notre rempart ! Amen.
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