Christ roi
Qu’il s’agisse de pouvoir ou d’argent, l’Évangile établit une règle claire : tout est question d’usage et de mesure. C’est ce dont témoigne saint John-Henry Newman, anglican converti au catholicisme au XIXème siècle. Vous en trouvez un portrait en rabat blanc dans la chapelle de semaine. Un précédent curé l’a placé par anticipation parmi les docteurs de l’Église. Voilà ce qu’il dit à propos du pouvoir du Christ. « Le Christ, une fois exalté comme Fils unique de Dieu, ne s’est pas mêlé à la foule, comme aux jours de sa vie humiliée. Il est sorti de sa tombe en secret. Il a donné son enseignement en secret durant quarante jours, parce qu’il avait reçu la royauté sur ses épaules. Il n’était plus le serviteur qui lave les pieds de ses disciples ; son sort ne dépendait plus de la volonté et des caprices de la foule. Il était l’héritier reconnu de toutes choses. Son trône était établi pour toujours. Ceux qui désiraient leur salut étaient tenus de rechercher son visage. Et pourtant il n’était pas trouvé d’emblée par ceux qui le cherchaient. Il ne permettait pas au monde de l’approcher sans réserve ni de le fixer par pure curiosité. Il n’appelait près de lui que ceux qui avaient été ses amis et qui l’aimaient. Ce sont ceux-là qui l’ont approché : ils ont vu le Seigneur, Dieu d’Israël. Ainsi étaient-ils d’autant plus prêts à annoncer son message en toute liberté. Lui, il demeurait dans son Temple saint. Et eux, de sa part, ils proclamaient l’annonce de sa résurrection et de sa miséricorde, son pardon généreux offert à tous, la promesse de sa grâce et de sa gloire, que sa mort avait assurée à tous ceux qui croient en lui.
Pourtant il faut sans cesse se rappeler que, même avant d’entrer dans sa gloire, le Christ a parlé et agi comme un roi. Quand il enseignait, exhortait, prenait pitié de ses auditeurs et priait pour eux, jamais il ne leur permettait de lui manquer de respect ni d’abuser de sa condescendance. Il les empêchait de le louer bruyamment et de publier les merveilles de sa grâce. On dirait que ce qu’on appelle popularité est un déshonneur pour son saint Nom ; comme si les applaudissements des gens leur conféraient le droit de blâmer. La louange du monde voisine souvent le mépris. Notre Seigneur ne prend plaisir que dans l’hommage qu’on lui rend dans le secret du cœur. Telle était sa conduite aux jours de sa vie terrestre. N’est-ce pas ce qui explique sa manière d’agir à notre égard après sa résurrection ? Lui qui était si réservé dans sa manière de se faire connaître quand il venait nous servir, combien plus allait-il se soustraire aux regards des gens une fois qu’il serait exalté au-dessus de tout ! » Le pouvoir devrait aimer la discrétion.
C’est du moins ce à quoi le Christ nous engage. P. Ollier
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