Homélie du dimanche 5 mars 2023

Dieu a mis en l’homme une parcelle de sa vie.

A quoi reconnaît-on un chrétien ? À sa préférence pour la vie.

C’est un marqueur anthropologique indéniable.

Dès les premières lueurs du christianisme, la préférence des chrétiens pour la vie s’est fait entendre. Et d’abord en leur chef, Jésus : “Je suis venu pour que vous ayez la vie” (Évangile selon saint Jean 10, 10) déclare le Christ à propos de ses disciples.

La préférence pour la vie apparaît aussi clairement dans un des premiers écrits chrétiens de la fin du 1er siècle : la Didachè « tu ne tueras pas l’enfant à naître et tu ne le feras pas mourir après sa naissance ». La même doctrine se retrouve chez la plupart des Pères de l’Église et tout au long du Moyen-Age.

La vie de l’homme est une parcelle divine. Nous l’avions ensevelie. Jésus est venu nous la restituer en mains propres.

Dieu avait mis en l’homme toute sa gloire.

Nous l’avions perdue, le Christ nous la rend. La transfiguration du Christ aux yeux des Apôtres en est la parfaite illustration. La dignité de tout être humain de sa conception à sa mort resplendit aujourd’hui dans le Christ transfiguré sur la montagne de Dieu.

 

1.    Deux cultures s’affrontent dans nos sociétés développées. Une culture de vie, une culture de mort.

A cette préférence des chrétiens pour la vie s’oppose une culture de mort. Mort des enfants à naître aujourd’hui, mort des vieillards, des handicapés, des impotents, des inutiles demain.

Pour que l’euthanasie puisse entrer dans notre code législatif, on procède par la méthode douce, un peu comme on endort une poule en plaçant sa tête sous son aile. Une convention citoyenne se tient, non loin de la paroisse, sous l’égide du Conseil économique et social (CESE), place d’Iéna.

Certains membres de la Convention citoyenne appelée à débattre de la fin de vie, viennent d’écrire au CESE organisateur pour se plaindre de la publication de votes intermédiaires qui n’ont pas de sens et sont interprétés de manière tendancieuse.

Il y a encore d’autres faits dérangeants. Comme par exemple d’avoir fait intervenir un auteur belge qui explique à qui veut bien l’entendre que la législation belge sur l’euthanasie n’a créé aucun problème et que les garde-fous législatifs ne sont pas franchis. Mais quand un des citoyens de la Convention a demandé -comme il en a le droit- une audition d’Erwan Le Morhedec -que nous avons reçu dans notre paroisse aux Conférences des Midis de Chaillot- auteur d’un livre très documenté sur les dérives belges (son livre s’intitule Fin de vie en République – Avant d’éteindre la lumière), on lui a opposé une fin de non-recevoir. Un débat non-contradictoire peut-il encore porter ce nom lorsque l’on refuse la confrontation des études et des enquêtes sérieuses ?

La pire des contres vérités avancée par le Conseil a été de déclarer : « il faut des soins palliatifs mais par souci d’égalité, il faut aussi aider à mourir ceux qui le demandent. »

Derrière le masque de l’hypocrisie se cache l’idéologie malthusienne qui a trouvé son expression la plus parfaite dans les camps de la mort au XXème siècle. L’Église combat cette idéologie depuis toujours, et notamment depuis la Convention de Pékin en 1995 qui lança la promotion de la « santé génésique », au cours de laquelle Mère Teresa de Calcutta et la reine Fabiola de Belgique tentèrent de s’y opposer. L’ONU et l’OMS la promeuvent massivement aujourd’hui.

 

2.    Que pouvons-nous faire ? Nous indigner et protester.

Écrire à votre député pour lui faire part de votre inquiétude.

Soutenir le personnel médical et hospitalier qui est abasourdi par cette dérive mortelle, convaincu que donner la mort n’est pas un soin.

Signer des pétitions. Je l’ai fait et vous recommande d’en faire de même. Celle proposée, par exemple, par le collectif « Soulager mais pas tuer[1] », qui regroupe plusieurs associations et est parrainé par Philippe Pozzo di Borgo qui a inspiré le film Intouchables.

 

3.    Témoignage

Pour finir, je vous cite Philippe Pozzo di Borgo devenu tétraplégique en 1993, à la suite d’un accident de parapente :

“En toute liberté, après mon accident quand je ne voyais pas de sens à cette vie de souffrance et d’immobilité, j’aurais exigé l’euthanasie si on me l’avait proposée.

En toute liberté, j’aurais cédé à la désespérance, si je n’avais pas lu, dans le regard des soignants et de mes proches, un profond respect de ma vie, dans l’état lamentable dans lequel j’étais. Leur considération fut la lumière qui m’a convaincu que ma propre dignité était intacte. Ce sont eux – et tous ceux qui m’aiment – qui m’ont donné le goût de vivre.”

Que Dieu épargne à notre société d’entrer dans la tentation de l’euthanasie. Une alternative qui a fait ses preuves existe. Les soins palliatifs[2].

Que Dieu nous donne d’aimer toujours le don immense et admirable de la vie.

Amen.

Père Jacques Ollier.

 

[1] https://www.soulagermaispastuer.org/appel/   ou   https://osonsvivre.fr/

 

[2] J’ai travaillé trois mois dans des soins palliatifs. Dans une clinique, une des premières en France, à Rueil-Malmaison en 1988 puis à Jeanne-Garnier en 1993. J’ai été témoin de la qualité des soins donnés aux malades en grande souffrance mais soulagés par des soins réduisant les douleurs. Témoin aussi de la qualité de l’accompagnement médical, psychologique, affectif, et de la qualité de l’accompagnement des familles déconcertées par la douleur de leur proche et par le pronostic de leur mort prochaine. C’est pourquoi je milite pour qu’il soit permis à tous l’accès à ces soins palliatifs. Pour aller plus loin : https://www.sfap.org/system/files/livret_proposition_sfap_16_janvier_23.pdf

 

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