Journée internationale des missions.
La croix et la gloire du Christ
Maitre ce que nous allons te demander nous voudrions que tu le fasses pour nous … Donne-nous de siéger, l’un à ta droite, l’autre à ta gauche dans ta gloire
Telle est la demande adressée à Jésus par Jacques et Jean, les fils de Zébédée. Demande bien prétentieuse, ambitieuse, un peu osée voire déplacée vu le contexte dans lequel elle s’est faite. En effet, Jésus venait juste d’annoncer à ses disciples, pour la troisième fois, sa passion, sa mort et sa résurrection : « Voici que nous montons à Jérusalem, le Fils de l’homme sera livré au chef des prêtres et aux scribes, ils le condamneront à mort, ils le livreront aux nations païennes qui se moqueront de lui, cracheront sur lui, le flagelleront et le tueront et trois jours après il ressuscitera. » (Mc 10, 33-34).
Dans une pareille circonstance que leur répondre ? Jésus leur dit : « vous ne savez pas ce que vous demandez, ou mieux vous ne comprenez pas ce que vous demandez, est-ce que vous êtes bien conscients de ce à quoi vous aspirez ?
Ils ont répondu par l’affirmative d’une façon quasi naïve : « Oui, nous le pouvons ».
A travers cette question, Jésus voulait les éclairer sur le fait que nul ne peut prétendre le suivre, sans recevoir le même baptême que lui, c’est-à-dire, sans passer par l’enfouissement dans la mort, sans communier à sa coupe de souffrance, en faisant confiance au Père pour avoir part à la gloire de la Résurrection. Telle est la condition fixée par Jésus pour avoir part à sa gloire. Effectivement Jacques et Jean ont été plongés dans le même baptême que Jésus, ils ont aussi bu à sa coupe, tous deux étant morts martyrs. Jacques en premier, le premier des douze, qui fut décapité en l’an 44 par le roi Hérode.
Servir, et non être servi
Bien chers frères et sœurs dans le Christ, le royaume du Christ que nous cherchons tous, n’a rien de commun avec nos soucis, nos préoccupations mondaines ; cette ambition, la recherche du pouvoir et des honneurs n’y ont pas cours comme le recherchaient ou y aspiraient ces deux apôtres.
Il est beaucoup question d’humilité et d’un esprit de service.
Cette demande, nous rapporte l’évangéliste, a bien suscité l’indignation des dix autres, un sentiment pas vraiment sincère puisqu’ils éprouvaient plutôt de la jalousie. Tous les douze étaient dans une certaine mesure, assoiffés d’honneurs, de privilèges, de cette grandeur.
Cela se vérifie, lorsque tous étaient en chemin avec Jésus et se dirigeaient vers la Galilée. Jésus venait de leur annoncer pour la deuxième fois sa passion, sa mort et sa résurrection. Les douze étaient avec lui et ils discutaient. Arrivé à destination, Jésus leur a posé la question : « De quoi discutiez-vous en chemin ? ». Vous vous rappelez de cet épisode. Ils se sont tous tus, parce qu’ils se posaient la question de savoir celui qui était le plus grand parmi eux. (Mc 9 30-37).
On pourra peut-être bien les blâmer, les condamner dans cette attitude déplacée. Jésus leur parle de sa souffrance, de sa passion, de sa propre chair, mais eux semblent préoccupés par ces honneurs, ces privilèges, cette première place. On pourra certainement les blâmer mais nous aussi parfois, nous avons cette tentation. Ne nous arrive-t-il pas aussi de courir après ces prestiges, ces vaines gloires ? Nos responsabilités, nos services ne sont-ils pas souvent pour nous des opportunités de nous mettre en avant, de faire sentir notre autorité, une autorité parfois écrasante et aliénante, une soif de pouvoir et d’honneur ?
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Saint-Père, le Pape François a décidé l’ouverture de ce synode sur la synodalité avec comme thème : « Communion, Participation et Mission ». Comme pour exhorter l’Eglise à rechercher d’abord et avant tout d’être au service les uns des autres.
Cette tentation des honneurs peut nous guetter.
Prenons juste un exemple, une petite histoire qui m’a été racontée, et vous tirerez vous-même les conclusions. Un jeune homme était venu trouver son curé pour lui proposer d’être membre d’une commission, un service paroissial. C’est un jeune talentueux, aux qualités exceptionnelles qui suscitait l’admiration de tous. Encouragé par le curé, il promet monts et merveilles et tient parole pendant quelques mois. Puis une élection s’organise au sein de l’institution pour la désignation du responsable et il n’est pas élu. Depuis cette date personne ne l’a revu, vous comprenez bien pourquoi. Quelles étaient ses vraies intentions, sa vraie conception de la responsabilité ? Était-ce vraiment pour servir ou pour s’attirer plutôt les honneurs, les privilèges liés à ce poste ?
Bien chers frères et sœurs dans le Christ, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude.
C’est ce message que Jésus nous adresse en cette célébration.
Engagés comme serviteurs et missionnaires
Être des serviteurs à son image, en l’Eglise et partout ailleurs ; une forme de témoignage chrétien serait d’exercer nos charges et responsabilités comme des ministères, comme une diaconie – c’est-à-dire comme un service-.
La grandeur véritable, pour nous chrétiens, ne consiste donc pas à opprimer et écraser les autres par un pouvoir obtenu grâce à l’ambition. Elle consiste plutôt à servir, à se mettre à la disposition des uns et des autres, afin de les aider à vivre dignement, à vivre pleinement notre vocation chrétienne. Comme Jésus le rappelle à ses disciples : « Quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites ; « nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir ». (Lc 17, 10)
En ce dimanche de la mission, prions, frères et sœurs, pour tous les missionnaires afin qu’ils exercent leur ministère avec zèle et dans un esprit de service et de détachement.
Puisse tout un chacun s’y mettre, et prendre sa part de responsabilité dans l’annonce, la proclamation de la bonne nouvelle du salut, comme le martèle le Pape François, dans son message. Chaque année, pour commémorer cette journée mondiale des missions, le Pape adresse un message à l’Eglise. Cette année, le voici :
Il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu
(Ac 4,20). Le thème de cette journée est une invitation à chacun de nous à « assumer cette charge » et à faire connaître ce que nous avons dans le cœur. Cette mission est et a toujours été l’identité de l’Eglise : « Elle existe pour évangéliser ». Notre vie de foi s’affaiblit, perd prophétie et capacité d’émerveillement et de gratitude dans l’isolement personnel ou en s’enfermant en petits groupes. Par sa propre dynamique, elle exige une ouverture croissante capable d’atteindre et d’embrasser tout le monde ».
Je voudrais vous inviter en ce jour à avoir une pensée toute particulière pour les quinze missionnaires chrétiens enlevés hier à Port au Prince, en Haïti.
Que le Seigneur nous donne à tous et à toutes, le courage d’être des missionnaires.
Sainte Vierge Marie, intercédez pour nous.
Amen
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