Homélie du Père Ollier : Toussaint 2020
Frères et sœurs, « priez pour moi : qu’une parole juste me soit donnée pour vous annoncer avec assurance le mystère de l’Évangile » (Lettre aux Éphésiens, 6, 19).
Regardez autour de vous ! regardez les murs de notre église et les peintures murales. Vous y voyez représentés une multitude de saints. Il n’y en a peut-être pas 144 000 comme dans l’Apocalypse, mais il y en a beaucoup. Saint François Xavier, saint Jean-Baptiste, saint Jean de Brébeuf, saint Augustin de Canterbury. Il y a des personnages qui ont été reconnus par l’Eglise comme saints, d’autres qui ne le sont pas encore comme le cardinal Lavigerie.
Mais ne levons pas simplement les yeux pour regarder les saints représentés. Baissons les yeux, tournons-nous de part et d’autre, et regardons-nous les uns les autres comme des saints. Le visage de votre voisin, de votre voisine, c’est celui que vous reconnaîtrez demain dans la lumière de Dieu. Cette vocation, n’est pas simplement celle des chrétiens, mais la vocation universelle des hommes. L’appel à la sainteté retentit dans le cœur de tout homme, car cet appel c’est Dieu qui en est la source. C’est l’unique appel que Dieu nous lance : devenir saints comme Il est saint. Cette affirmation a fait l’objet d’une déclaration solennelle dans le document conciliaire de Vatican II « Gaudium et Spes» (joie et espoir), je vous le lis «puisque le Christ est mort pour tous, et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associés au mystère pascal » c’est-à-dire de devenir saints. Voilà donc notre vocation. Imaginez le ciel rempli par nous. C’est là destinée universelle de l’humanité. Rassurez-vous, il y aura de la place pour tout le monde…
L’amitié divine
La sainteté consiste en une amitié avec Dieu. Depuis Abraham, qualifié dans la Bible d’ami de Dieu (Isaïe 41,8 et Lettre de saint Jacques 2, 23), depuis Moïse qui dans la Bible parle à Dieu «face à face, comme un ami parle à un ami »(Ex. 33, 11), depuis David dont le nom signifie « Bien-aimé » (dodi), depuis Jésus-Christ le Fils bien aimé du Père, la relation privilégiée à Dieu est celle de l’amitié.
L’amitié consiste à recevoir de l’ami ce que l’on espère de lui. L’amitié consiste aussi à lui donner ce qu’il espère de nous. C’est un échange de biens, de paroles, d’affection pure, de temps. Un ami, on peut compter sur lui. Et l’on ne devrait pas finir une lettre ou un appel téléphonique à un ami sans cette ancienne formule pourtant si belle « votre fidèle serviteur ». Quel beau titre d’amitié ! « Tu peux compter sur moi ! »
Être l’ami de Dieu, c’est pouvoir compter sur Lui en toutes circonstances, en tous lieux.
Être l’ami de Dieu, c’est aussi pouvoir Lui donner l’assurance qu’Il peut compter sur nous !
« Je compte sur toi, nous dit Dieu, pour que tu fasses venir sur terre chaque jour un peu plus, les biens du ciel ».
Comment ? Précisément en vivant les béatitudes.
Le Ciel en la terre : les béatitudes.
Les béatitudes, c’est le ciel mêlé à la terre, Dieu qui vient en la terre.
Les béatitudes, vous l’aurez remarqué, établissent un rapport entre une attitude humaine et son terme en Dieu.
Heureux les pauvres de cœur –ceux qui savent demander, prier, requérir– le royaume des cieux – c’est-à-dire Dieu lui-même- leur appartient.
Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu.
Heureux ceux qui pleurent, Dieu les consolera .
Trois béatitudes dans la vie des saints.
On dit et je crois que c’est vrai, que chaque chrétien est appelé à vivre plus intensément, plus particulièrement, une des béatitudes. Pour moi, chaque retraite, chaque méditation des béatitudes me ramène invariablement à la première.
Alors s’il est vrai que nous sommes plus intensément appelés à vivre une de ces béatitudes, voyons trois exemples dans la vie des saints que nous fêtons ce jour.
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Elle a vécu parfaitement la première des béatitudes : « Heureux les pauvres de cœur » : elle s’est consumée dans son carmel, en priant. Elle a vécu parfaitement la béatitude de la pauvreté comme nous le laisse entendre son acte d’offrande. Je vous en lis un extrait : « Au soir de ma vie, je paraitrai devant Vous les mains vides, car je ne vous demande pas Seigneur, de compter mes œuvres. Toutes nos justices ont des taches à vos yeux (…) ». Sante Thérèse, c’est l’anti-pharisaïsme. Elle ne compte pas ses mérites, ses bonnes actions, ses actes vertueux. Elle n’est comptable que de l’amour de Dieu pour elle.
Deuxième exemple : « Heureux les cœurs purs », c’est-à-dire les cœurs qui sont unifiés, qui sont un. Je vous invite à lire la vie de saint Martin par Sulpice Sévère. Vous verrez que le père du monachisme en France, a vécu cette vie d’intégration. Je fais appel à votre expérience : avez-vous remarqué, qu’en présence d’un moine (celui qui fait l’unité dans sa vie), on se sent à la fois séparé et en même temps unifié ? Un moine fait l’unité de sa vie, mais il fait aussi l’unité de ceux qu’il rencontre. Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu, et ils laisseront transparaître en eux la vérité de Dieu.
Dernier exemple : « Heureux les doux ». Je vous renvoie tout simplement aux Fioretti de saint François d’Assise. Celui qui n’a voulu faire violence à aucune créature, avec un respect absolu de la terre et du ciel. A genoux devant la beauté de Dieu, reflétée par toutes les créatures.
Ces trois textes que je viens de citer, vous pourrez les trouver, téléchargeables sur le site de la paroisse :
-Autobiographie de sainte Thérèse ; en particulier le manuscrit B. -La vie de saint Martin (fêté le 11 novembre) par saint Sulpice Sévère. -les Fioretti de saint François. |
Nous allons avoir du temps, puisque beaucoup d’entre nous sont confinés. Je vous invite à profiter de ce temps en lisant la vie de ces saints. Ainsi, nous nous rapprocherons d’eux et nous communierons à leur propre sainteté, c’est-à-dire à la sainteté de Dieu.
Sans doute, notre monde a-t-il besoin de justice, de paix, de calme, sans doute a-t-il besoin que nous puissions vivre en harmonie, en concorde.
Plus que tout, nous-mêmes, notre monde, avons besoin de répondre à l’appel de Dieu à devenir saint.
« Veux-tu être mon ami ? nous dit Dieu. Je compte sur toi. Tu peux compter sur moi»
Amen.
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