Le Carême

Homélie du 2ème dimanche de Carême, 28 février 2021 : Père Horovitz

C’est le rythme du Carême et chaque dimanche nous apporte une rencontre avec un personnage attendu, ainsi, Pierre, Jacques et Jean, en cette apparition, cette théophanie que constitue la Transfiguration.

Alors essayons de comprendre ce qu’est précisément cette Transfiguration.

Tout d’abord il faut savoir qu’il va y avoir une grande scène biblique. Il y avait déjà eu l’apparition à Moïse, la fameuse théophanie où Moïse a dû ensuite se couvrir le visage jusqu’à la fin de ses jours tant la gloire divine était sur son visage. Là c’est une théophanie d’un autre genre. Trois personnes simplement vont être conviées à y assister. Trois personnes, trois apôtres, qui vont d’une certaine manière représenter tous les apôtres, et l’Eglise ici présente.

Jésus va aller sur une haute montagne ainsi que le veut la tradition biblique. Evidemment les hautes montagns dans ces territoires-là ne sont que quelques cols un peu élevés. Mais les apparitions bibliques ont lieu sur de hautes montagnes pour rappeler la majesté de Dieu, pour symboliser qu’il faut aller au plus haut pour pouvoir trouver Notre Seigneur. Alors Jésus va se transfigurer devant eux.

Que  veut dire cette Transfiguration ?

Tout d’abord, nous avons une tendance à comprendre les choses de travers. Nous avons l’impression que le miracle ici c’est la manifestation glorieuse de Jésus Notre Seigneur. Mais c’est exactement l’inverse. La Transfiguration c’est l’état normal, habituel de Jésus, car Jésus est vrai Dieu et vrai Homme. La gloire divine est en permanence rayonnante autour de Lui. Le miracle, en fait c’est l’inverse, c’est le fait que Notre Seigneur puisse passer à travers les foules sans être immédiatement reconnu quant à sa divinité. Le miracle c’est que Jésus soit capable de cacher en quelque sorte sa gloire divine.

Ici les personnages qui vont apparaitre aux côtés de Jésus sont tout à fait là pour symboliser quelque chose. Il y a Elie et Moïse.

Elie, c’est Le prophète qui désigne tous les prophètes de l’Ancien Testament. Il avait disparu de manière fort mystérieuse sur un char de feu, et il était dit chez les Israélites qu’un jour lorsque le Messie serait là, Elie reviendrait.

Moïse c’est celui qui figure la Loi ; c’est lui qui a reçu les dix commandements, c’est lui qui a donné les six cent treize commandements aux Israélites. C’est la Loi qui est ici présente. Ce qui veut dire qu’à travers la présence d’Elie et de Moïse, il y a toute la légitimité de l’Ancien Testament, de l’ancienne alliance d’une manière incontestable. Ces deux personnages vont donc authentifier la venue du Messie et la divinité de Notre Seigneur Jésus Christ. C’est pour cela que cette scène est tout à fait extraordinaire ; elle contient la légitimité du Nouveau Testament, avec trois apôtres choisis pour des fonctions bien précises, et avec Elie et Moïse.

Pourquoi donc Notre Seigneur va-t-il nous montrer sa gloire ?

Si vous vous souvenez, Notre Seigneur, quelques chapitres avant, parlait de l’essentiel de sa mission, de la Passion, de passer par cette étape terrible et insupportable pour les yeux, pour le cœur, et pour l’âme, que sera la Passion aux jours du jeudi saint et du vendredi saint. Notre Seigneur vient montrer sa gloire pour que justement aux heures les plus dures de Sa Passion, les apôtres se souviennent que Jésus est Dieu et qu’ils ne se laissent pas aller à un découragement et à un abattement dramatique. Notre Seigneur doit passer par la Passion, c’est un choix que Lui-même fait, on ne le Lui impose pas mais l’évènement est si terrible que les apôtres ont besoin de cet évènement glorieux de la Transfiguration. Cet évènement est passager, et si nous essayons de voir ce qui s’est passé, les apôtres n’ont pas eu ici une vision de Dieu, ce n’est pas une vision divine, c’est la vision de la gloire rayonnante de Notre Seigneur Jésus Christ, ils n’ont pas vu Dieu dans son essence, cela est réservé pour le Ciel. Quand on prend le texte hébreu on lit que : « Cette blancheur est pareille à des pierres que l’on aurait passées au feu ». Pour vous donner une image de cette chose étincelante qu’est la Transfiguration : quand on fait brûler des pierres, il y a de la même manière, un jaillissement extraordinaire, une pâle image sans doute de la Transfiguration.

Ici nous voyons saint Pierre proposer de s’arrêter là. Evidemment c’est une vision tout à fait humaine, car on ne veut pas de la Passion. Ce que l’on veut ce sont des évènements plus doux, la Transfiguration nous va mieux. Ce n’est pas le lieu ni le moment de planter des tentes, mais au contraire c’est celui de refaire nos forces pour aller tout droit vers ce qui va conduire Notre Seigneur à des jours épouvantables, mais ce sont ces jours-là qui vont permettre la venue de la Rédemption, c’est-à-dire de la réconciliation générale entre Dieu et les hommes, la venue d’une nouvelle alliance.

Nous aussi, mes frères et sœurs, pénétrons-nous de la gloire de Jésus pour être capables de supporter la violence du vendredi saint particulièrement. Souvenons-nous de cette gloire qui émane du Christ. Souvenons-nous que Jésus ne supporte pas la Passion : Il la veut, et c’est tout à fait librement, et c’est même Lui qui la conduit, et c’est ainsi que la Rédemption va venir dans le monde.

Amen.

Un commentaire

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.