« Je crois à la résurrection de la chair » proclamez vous chaque dimanche à la messe. Sans vraiment y croire pour un pourcentage d’entre vous, si l’on veut croire les sondages d’opinions Voici les chiffres : 57 % d’entre les catholiques pratiquants réguliers croient « à la résurrection » ;1 % à la « réincarnation » ; 29 % à « quelque chose après la mort » ; et 8 % « à rien »). C’est bien mieux que les indices regardant la population française dans son ensemble : 10 % des Français croient en « la résurrection des morts », 7 % à « la réincarnation sur terre dans une autre vie », 33 % «à quelque chose indéfini» et 43 % «à rien» (sondage tns/sofres).
Comment comprendre cette désaffection ?
Eh bien, balayons d’abord devant notre porte : la définition : « résurrection de la chair » porte en elle-même une sérieuse ambigüité. Comment comprendre ici : chair ? Non la matière carnée de notre corps, les tissus, muscles et tendons. Le mot chair vise ici l’humanité de l’homme. Comme dans l’expression biblique : « et le Verbe s’est fait chair », c’est-à-dire c’est fait homme.
Ce que vous croyez, si vous croyez en la résurrection de la chair, c’est à la résurrection de toute votre humanité, parce que votre humanité dans sa totalité est voulue, créée par Dieu. Et il ne veut perdre rien de ce qu’il a créé.
Mais il faut aussitôt ajouter : notre corps, dans sa faiblesse, sa limite, sa fragilité, sera, comme tout notre être, transfiguré par la résurrection. Il ne portera plus en lui sa part de souffrance.
Bonne nouvelle, pour les malades, les handicapés, les blessés de la vie, tous ceux et toutes celles qui ne se supportent pas dans leur corps. Notre corps, comme notre être toute entier, atteindra, par la résurrection, une plénitude jamais connue, insoupçonnée, mais non inespérée. Quelle joie pour une mère d’un enfant trop vite disparu de le voir dans la plénitude de son humanité. Je pense aussi à la joie de cette mère qui a perdu sa fille dans le vol Rio/Paris, et n’a pas de lieu où pleurer sa disparition. Joie de se « re-voir », autre sans doute, mais non sans reconnaissance.
Une image est parlante. Celle de l’apôtre saint Paul : L’image du grain et de la fleur. Ce qui est semé et qui périt, le grain, pousse en fleur admirable; ainsi ce qui est semé en terre lorsque nous y reposerons ressuscitera dans la gloire ; ce qui est semé faible ressuscitera dans la puissance ; ce qui est semé corps vivant ressuscitera corps spirituel ; car s’il existe un corps vivant, il existera un corps spirituel, qui ne sera plus lié aux limites ni de l’espace, ni du temps
Voici la réponse. Vous ressusciterez, corps spirituel, semblable au Christ.
Et vous anticipez en cette vie présente cette forme nouvelle et éternelle de vos corps. Chaque fois que la nouveauté de l’amour des petits, des oubliés, l’emporte sur l’égoïsme du « tout pour moi », chaque fois que le pardon l’emporte sur la haine, chaque fois que l’humanité en vous et en celle de vos frères et de vos sœurs ressort plus belle de vos rencontres, de vos paroles et de vos attentions, la vie éternelle est déjà commencée.
Jacques Ollier
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