Sainteté

Une petite quarantaine de pèlerins de la paroisse revient de Terre Sainte. Nous y avons vu se dérouler devant nos yeux l’histoire du salut. Depuis les origines de la création jusqu’à l’Apocalypse.

Nous y avons reconnu la sainteté de Dieu, c’est-à-dire qu’Il n’appartient pas à ce monde, mais qu’Il EST Saint, Saint, Saint, comme nous le proclamons dans la liturgie de la messe. C’est la gloire d’Israël d’avoir porté en elle cette révélation divine. Dieu n’est pas l’un de ce monde. Il ne souffre pas d’être comptabilisé d’une quelconque manière avec les réalités de l’univers. D’où la loi de l’adoration unique de Dieu, puisqu’il est, seul, Dieu. D’où la loi de la non représentation de Dieu, puisqu’il est invisible, incommensurable, éternel… D’où la loi morale de séparation des élus qui ne doivent pas se mêler aux nations ni se comporter comme les nations.

Le Christ Jésus porte en lui-même cette séparation puisqu’ il est Dieu. Mais il vient si profondément en l’homme comme Dieu, qu’il est un avec lui. Et ainsi, Dieu entre dans le monde. Est-ce à dire qu’Il cesse d’être séparé, que son identité se perd. Non. Car il n’y a pas fusion, ou confusion, mais alliance. Dieu et le monde s’allient dans le christianisme.

Qui dit alliance dit altérité. Ils sont deux. Et donc tension. Le christianisme vit de cette tension depuis vingt siècles. Elle a été féconde tout au long de ces deux millénaires. Dieu fait homme oblige à baisser les yeux vers l’homme et ce qu’il fait, invente, espère. L’homme élevé vers Dieu oblige à lever les yeux vers une réalité qui nous dépasse dans sa transcendance, sa sainteté et qui nous appelle à un dépassement.

Depuis deux siècles, le christianisme se bat avec la sécularisation. Il lutte contre un glissement vers l’assimilation au monde, à ces idées, à ces aspirations intramondaines portées par une maîtrise technique de plus en plus souveraine. Ce faisant, il perd de vue ce qu’il est devant Dieu.

« Vous serez saints parce que je suis saint. »  On pourrait traduire, vous serez Séparés parce que je suis Séparé. Séparé du monde. « Vous n’êtes pas du monde, nous dit le Christ, Vous êtes dans le monde ».

Aujourd’hui, se posent aux chrétiens une question grave. Aux parents, grands-parents, aux responsables de l’éducation et de l’enseignement, aux évêques et aux clercs. L’assimilation des catholiques, leur style de vie est-il compatible avec la loi de séparation ? Nous ne pouvons vivre comme les païens.

Nous ne pouvons tout simplement pas adopter le style de vie de ceux pour qui Dieu n’est qu’un mot qui résonne et non une réalité immense, absolue. Nous ne pouvons vivre dans une sorte d’apostasie silencieuse. Il nous faut choisir. Être saints avec le Saint. C’est-à-dire placer Dieu à la première place dans nos existences, nos familles, nos histoires, notre conscience, notre raison, notre corps aussi. Il en va de l’avenir même du christianisme en France.

 

Jacques Ollier

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