Chers frères et sœurs, en préparant cette homélie ce matin, je pensais à un petit garçon que j’ai baptisé il y a quelques mois dans cette église. Je revoyais ses grands yeux bleus levés vers le ciel, tandis que sa mère le portait. Et je me disais quelle grande force et vitalité de ce petit corps ! Qu’elle est grande la force de la vie ! Et si fragile aussi…
Avant le baptême, sa maman m’avait confié qu’il était très malade et qu’il risquait de mourir. Elle espérait bien que le baptême le protégerait. Je n’ai pas pu hélas, lui donner l’assurance de cela, mais il m’est apparu clairement qu’en faisant baptiser cet enfant, ses parents avaient conscience de lui donner plus encore que la vie biologique. Ils avaient bien conscience qu’ils lui donnaient la vie éternelle. Car la vie du corps, c’est le principe vital qui est en nous, que l’on appelle traditionnellement l’âme. Mais la vie de l’âme, la Vie de la vie en nous, c’est Dieu. Cette Vie que nous avons reçue au jour de notre baptême, dont notre âme est débordante, comme le dit le poète : « cette âme dès ici-bas débordante de Dieu » (F. Mauriac, Bloc-notes t.2 Seuil, 1993, p. 193), cette âme remplie de Dieu, cette Vie que Dieu vous donne, nul ne pourra jamais vous l’arracher. Elle est à vous pour l’éternité, elle est la vie de Dieu en vous.
En êtes-vous persuadés ?
Et si vous l’êtes, comment le manifestez-vous ?
Il y a quelques jours, je me suis rendu sur la tombe de ma mère, en Gironde. Je n’y étais pas allé depuis longtemps. Il se trouve que, dans ce cimetière, une femme s’affairait auprès d’une tombe. Comme je le fais d’habitude, je suis allé la voir pour lui demander un service. C’est souvent comme cela que l’on peut entrer en relation – comme Jésus lorsqu’il rencontre la samaritaine lui demande : “donne-moi à boire”. Là je lui ai simplement demandé si elle avait un broc à eau. De fil en aiguille, nous avons parlé, je me suis présenté. Puis je suis reparti arranger la tombe de ma mère. Enfin je suis revenu vers elle et lui ai proposé que nous prions ensemble pour son mari. Elle m’a dit : « oui, je veux bien ». J’ai béni cette tombe, et avec elle, simplement, nous avons dit un Notre Père plein d’émotion.
“Notre Père des cieux… donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. “
Ce pain que Dieu nous donne, c’est Lui-même. Celui que nous allons recevoir, tout à l’heure, sur nos mains, sur nos lèvres. C’est le pain de Dieu, la Vie même de Dieu.
Comment pouvons-nous être témoins de cette vie plus forte que la mort ?
Je vous engage – pour manifester cette Vie que vous avez reçue de Dieu, cette Vie reçue en abondance- à ne pas hésiter dans vos relations, quitte à vous faire rembarrer -ce n’est pas grave, cela arrive- de ne pas hésiter dans vos relations à leur proposer de prier pour eux. Pas nécessairement de prier avec eux, encore que quelquefois, ce soit une initiative louable. Il est étonnant de constater quelle est la réaction de ceux pour lesquels nous prions, mais aussi de ceux auxquels on a dit « je prierai pour vous ».
Certains vous disent, “oui, balivernes”, sans nécessairement le croire. D’autres sont profondément marqués par cette verticalité qui, soudain, est provoquée par une parole. “Je prierai pour vous, je vous présenterai, debout devant Dieu”. Et l’on voit des personnes qui soudain se redressent, car la position de l’homme n’est pas celle de la mort, du couchant mais du levant. Car notre Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants. Tous ceux qui vivent, en effet, vivent de Lui »
Et ce petit enfant alors, me direz-vous, qu’est-il devenu ?
Il s’appelle Noé, celui qui a été sauvé des eaux, des eaux du déluge, des eaux de la mort. Aux dernières nouvelles, ce petit Noé se porte bien. Dieu soit béni ! |
Amen
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