Homélie du premier dimanche de carême, 18 février 2024, Père Ollier

“Jésus, dans le désert, vivait parmi les bêtes sauvages et les anges le servaient.”

 

J’ai été frappé de constater cette semaine, – à l’écoute des confidences qui m’ont été faites ici et là – frappé de constater combien la douceur avait manqué à bien des personnes dans leurs relations,  leurs paroles, leurs pensées.

La douceur est la béatitude des forts.

Écoutez donc l’Évangile : “ Heureux les doux, ils posséderont la terre.”

 

Deux exemples nous convaincront de la vérité de cette béatitude : que la terre appartient aux doux.

 

Nous voyons aujourd’hui Jésus tenté dans le désert pendant 40 jours. Il est au désert et l’évangéliste saint Marc nous dit qu’il était entouré par des bêtes sauvages et que les anges le servaient. Toute la création est ainsi mise à la disposition de celui qui s’est fait doux entre les doux. Et les bêtes sauvages, comme au jardin d’Eden, lui obéissent.  Jésus rétablit ainsi Adam comme roi de la création.

 

Un autre exemple : celui de saint François d’Assise capable de maîtriser le terrible loup de Gubbio. (chant XXI des Fioretti) Petites fleurs ou comptines pour les enfants diront certains. A  voir ! Il y a dans cet épisode de la vie de saint François, une leçon très profonde à tirer.  C’est que le doux  maîtrise le fort et le violent.

 

Il y a quelques années, j’ai rencontré une femme qui avait été bousculée par quelques individus dans la rue. Ces derniers s’apprêtaient à la dévaliser. C’était une petite femme assez chétive, avec ses yeux gris acier. Elle les avait regardés et  leur avait dit : “Vous avez dû bien souffrir pour vous attaquer à une pauvre femme comme moi.” Ils n’avaient plus bougé, puis un à un  étaient partis.

 

Cette douceur que l’on rencontre chez  Jésus,  ou chez François n’est pas une douceur lénifiante.

Ce n’est pas une douceur de faible.

C’est la douceur donnée par Dieu à ceux qui le prient à genoux.

 

C’est à genoux que priaient Jésus et saint François.

A genoux,  Jésus prie au  jardin de Gethsémani.

A genoux, c’est ainsi que nous voyons saint François prier  et inventer sa fameuse prière, je le cite : “ Là où il y a la haine que j’y mette la charité.”

 

Isidore de Séville, un grand savant chrétien, dans ses Étymologies a mis en évidence le rapport qui existe entre la position à genoux et celle de l’enfant à naître dans l’utérus maternel.

Lorsque nous nous mettons à genoux, nous revenons à nous même, à notre origine, devant Dieu.

Je sais que cette position est, hélas, inconfortable, et pour beaucoup même impossible.

Mais à quoi servirait-il que nous fléchissions les genoux de notre corps, si nous ne mettons pas nos cœurs à genoux.

Ce qui plaît à Dieu, c’est un cœur à genoux.

Et celui qui plie son cœur devant Dieu, se reconnaissant tel qu’il est,  pauvre et miséreux,

Celui qui plie son cœur devant Dieu, sans aucun doute sera élevé aussi par Dieu.

Et à cause de sa douceur, il deviendra le gardien de la terre.

 

Père Jacques Ollier.

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