Là où est l’unité, là est la charité
Je vous ai donné un exemple : aimez-vous les uns les autres
Le Christ Jésus, à l’heure de rendre son âme à Dieu, a voulu nous laisser un testament. Comme on signe un testament avant de quitter ce monde.
Dans ce testament figure ses dernières volontés :
« Aimez-vous les uns les autres ». « Inspirez-vous de moi ». « Voyez comme je vous ai aimés et quel exemple je vous ai laissé ». « Moi, le Seigneur Dieu, je me suis mis à genoux à vos pieds », comme un infirmier « j’ai lavé vos plaies », « j’ai guéri vos blessures », « j’ai adouci vos souffrances. » « Ce que j’ai fait pour vous, faites-le-vous aussi les uns pour les autres. Portez les fardeaux les uns des autres, c’est là mon testament.
Si vous faites ce que je vous demande, vous serez vraiment mes frères et le monde vous reconnaîtra comme mes disciples.
« Aimez-vous les uns les autres », nous dis-tu, ô bon Jésus.
Mais qu’est-ce qu’aimer ? Qui nous le dira ?
Beaucoup se demandent en effet ce que veut dire aimer. Aimer en vérité.
Il y a tant d’amours trahis. Tant d’amours hasardeux. Tellement de faux amours. D’amours qui dégénèrent en haine.
Qui nous montrera le véritable amour ?
Peut-être pourrions-nous nous aider d’une image
Aimer, c’est tracer un chemin jusqu’au cœur de l’aimé
Aimer, n’est-ce pas tracer un chemin jusqu’au bord du cœur de l’aimé. Tracer une route jusqu’aux frontières du cœur aimé. Et là, à l’entrée de ce cœur, attendre avec patience, avec espérance, avec vigilance, la réponse de ce cœur.
Aimer, c’est ouvrir une route jusqu’au cœur de l’aimé, et là, à la porte de ce cœur, patiemment, infiniment, sans lassitude, espérer que ce cœur s’ouvre et dise : entre !
Jésus ne nous dit pas autre chose ce soir : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et moi avec lui et lui avec moi. » (Apocalypse 3,20)
Qui parmi vous répondra ?
Tracer une route jusqu’au cœur de l’aimé. Ce sont les prémices de l’amour. Il faut ensuite attendre la réponse.
Cette réponse conditionne le véritable amour qui laisse place à l’initiative, au désir de l’aimé. Tous ceux et celles qui ont aimé ont fait ce chemin, ont connu cette attente.
Le chemin de l’unité, signe d’amour
Et lorsque la réponse d’amour est venue, alors s’engage un autre chemin. Non plus solitaire mais commun.
Plus tard, si nous nous retournons sur les chemins de notre amour, nous voyons les traces qu’y ont laissé nos empreintes. Lorsque deux êtres s’aiment en vérité, ces empreintes ne se séparent pas. Elles apparaissent sur le chemin, l’une à côté de l’autre. Elles vont de concert, selon les aléas du chemin, sans que l’une d’entre elles disparaisse.
Et si, en regardant le chemin que nous avons parcouru, il arrive qu’une empreinte de pas se fasse plus visible que l’autre, c’est parce qu’au temps de l’épreuve, l’un s’appuie davantage sur l’autre. Et même parfois, une empreinte disparaît. C’est parce qu’alors l’un portait entièrement l’autre sur leur chemin commun. Il ne reste plus qu’une empreinte parce que l’autre était trop épuisé pour marcher et qu’il était porté dans les bras de l’aimé.
La trace d’un amour véritable, c’est la trace de son unité.
Là où est l’unité, là est l’amour.
En cette nuit le christ nous fait la grâce de l’unité.
Dans son testament, le Christ ne nous a pas laissé seulement un exemple. Il nous a donné, pour nous aimer en vérité, le sacrement de son amour. L’eucharistie.
Chaque fois que nous communions au Corps et au Sang du Christ, chaque fois que nous communions à sa Vie, nous recevons le sacrement de son amour. Un peu de son amour coule alors dans nos veines.
La réalité pleine et entière de ce qui est signifié dans le sacrement de l’eucharistie, c’est l’amour de Dieu pour nous.
Et la trace de cet amour, c’est là encore, l’unité.
Lorsque je me retourne sur mon chemin, je vois la trace de mes empreintes et à côté des miennes, celles du Christ.
En regardant attentivement je vois bien que parfois je me suis séparé du chemin que nous tracions.
Mais jamais je n’ai vu que Jésus ait dévié. Jamais je n’ai vu qu’il m’ait manqué. Jamais je n’ai constaté qu’il se soit éloigné.
Toujours je l’ai vu fidèle sur ma route, à mes côtés, même lorsque j’étais parti au loin.
Toujours son amour pour moi s’est manifesté par sa fidélité auprès de moi.
Cette nuit très sainte, chers frères et sœurs, recevons de Jésus la promesse indéfectible de sa fidélité.
Recevons de sa main le sacrement de sa fidélité.
Lorsque, tout à l’heure, nous nous approcherons de la table eucharistique et recevrons le sacrement du Corps du Christ, en répondant « amen » au prêtre qui vous donnera l’eucharistie, pensez, mais pensez très fort, que le Christ, jamais, ne vous abandonnera.
Amen
Un commentaire