La rencontre

La rencontre

 

Trois rencontres des évangiles de l’enfance de saint Luc

L’évangile nous décrit une merveilleuse rencontre entre Marie et Elisabeth. Vous l’avez remarqué, nous sommes au beau milieu du premier chapitre de Luc (Lc 1, 39-45). Mais avant cette rencontre, il y en a eu deux premières au début du chapitre. D’abord, la rencontre entre l’ange du Seigneur et le prêtre Zacharie (le père de Jean-Baptiste) dans le temple (Lc 1, 5-23) : c’est l’annonce de la naissance de Jean Baptiste. Puis il y a la rencontre entre l’ange Gabriel et Marie (Lc 1, 26-37) : c’est l’annonce de la naissance de Jésus.

Bref, remarquez bien : de ces rencontres, se produit un événement de grâce : la naissance.

Toutefois, de la rencontre entre Marie et Elisabeth, il ne se produit pas forcément une naissance, mais quelque chose d’un ordre peut-être plus grand. Écoutons : « Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint ». Cette rencontre fait descendre l’Esprit Saint.

 

Toute rencontre, un événement de grâce

Voilà frères et sœurs, toute rencontre est un événement de grâce. Dans chacune de nos rencontres, il se produit toujours quelque chose. Et ce quelque chose, c’est la vie. :

Dans les deux premières rencontres – Zacharie et l’ange / Marie et l’Ange – il s’agit de la vie physique : naissance de Jean Baptiste et de Jésus. La rencontre de Marie et d’Elisabeth fait advenir l’Esprit Saint. Or, l’Esprit, c’est lui « qui donne la vie » comme on chante dans le Veni creator spiritus.

Frères et sœurs, dans toute rencontre, il y a une nouvelle naissance à la vie qui se produit.

 

L’humanité vit de rencontres

Il y a des gens qui vivent encore aujourd’hui parce qu’ils ont rencontré des gens qui leur ont donné le sens de vivre. Chacun de nous pourra dire : s’il n’y avait pas eu telle ou telle personne que j’ai rencontrée, je ne serai pas ce que je suis aujourd’hui.

Les rencontres sont des événements de grâce dans la vie qui donnent vie à notre vie.

Cet évangile m’a fait méditer sur la vie en société ou en famille aujourd’hui. Yves Boulvin disait que l’on peut être dans une même maison, sur un même banc, sans jamais pouvoir se rencontrer. Et j’ajoute, l’on peut être dans une même Église, dans une même paroisse, des décennies durant, sans jamais pouvoir se rencontrer. La rencontre n’est pas simplement un contact physique. C’est plus que cela.  Il me semble que quelque part et petit à petit, l’humanité perd la valeur de la rencontre avec son prochain.

Il est vrai que l’autre fait d’abord peur, comme nous l’ont appris certains philosophes. Mais avant et après tout, l’autre est une personne comme moi-même. L’on pourra aussi dire : l’autre peut être une difficulté sur mon chemin, et certains en ont déjà fait malheureusement l’expérience. Mais, les difficultés sont comme des pierres. Nous en rencontrerons toujours sur nos chemins. A nous de savoir les transformer en mur ou en pont.

Voilà pourquoi, frères et sœurs, chaque fois que nous ratons une rencontre, nous ratons une naissance de nous-mêmes à la vie.

Quelle joie de vivre et de se sentir vivant quand nous rencontrons une personne qui nous fait sourire.  Le monde vit de rencontres. Le jour où l’individualisme immolera définitivement la présence de l’autre, l’humanité prendra fin.

 

Le fruit de la rencontre

L’Evangile m’a fait aussi méditer sur l’instant de la rencontre, si nous en avons encore. De nos rencontres, que ce soit au niveau étatique, sociétal, amical ou familial, qu’est-ce qui en sort ? la vie ? la mort ? Le complot ? Qu’est-ce qui jaillit de nos rencontres ?

Les trois rencontres de l’évangile dont nous parlons nous mettent en garde : toute rencontre doit pouvoir produire une vie et rien d’autre, rien que la vie. Toute rencontre donne vie.

 

Les conditions de la rencontre

Mais, que faire pour se rencontrer vraiment ?

Marie donne deux éléments fondamentaux.

  1. Le premier se trouve dans la première phrase de l’Evangile : « en ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit vers la région montagneuse… ».

Marie se met en route. Voilà frères et sœurs : se mettre en route, c’est-à-dire sortir de soi, s’ouvrir à l’autre, faire le pas vers l’autre. En cela, la fête de Noël nous interpelle. Noël, c’est la mise en route de Dieu vers l’humanité. C’est la sortie de Dieu vers l’homme. En ce sens, Dieu qui s’est fait chair, bouleversera toujours nos conforts d’individualisme, de repli sur soi et de fermeture à l’autre.

  1. Le second élément pour une rencontre qui donne vie, se trouve dans cette phrase : « Elle (Marie) entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle ».

La salutation de Marie fait tressaillir l’enfant. La salutation, chose très banale peut-être, relative même pour certains, mais qui est ici un événement de grâce.

 

J’ai accompagné un couple au mariage et il m’est arrivé de leur poser la question sur la manière dont ils se sont rencontrés. La femme a pris en premier la parole et dit en montrant du doigt son fiancé : Père, c’est lui qui m’a arrêtée après que je l’ai salué, en sortant par l’un des escaliers du métro. Alors l’homme a pris la parole et dit : moi j’avais la tête plongée dans mon portable, quand elle m’a salué et que j’ai regardé son visage, une vie a jailli en moi. Et tout a commencé.

Voilà, de la salutation même peut jaillir une vie.

N’est-il pas regrettable d’être capable de prier à l’église tout un rosaire qui chante à chaque fois « Je vous salue Marie » et d’être incapable de saluer juste à la sortie celui ou celle avec qui on vient de prier le « Je vous salue Marie » ?

 

En marche vers Noël, ce dernier dimanche de l’Avent semble nous interpeller sur notre rapport à l’autre qui se vit dans les rencontres. Noël, c’est avant tout la rencontre du ciel et de la terre.

Puisse Dieu nous aider à vivre cette rencontre entre nous.

Amen !

                                                                   

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