La Transfiguration

La Transfiguration : Sur la Montagne sainte, l’Église toute entière est transfigurée.

Qui est transfiguré sur la Montagne ?

Frères et sœurs, je voudrais à la suite de cette lecture de l’évangile de la Transfiguration, vous poser une simple question. À votre avis, qui, sur la Montagne, a été transfiguré ?

Vous me répondrez sans crainte : Jésus. Cela ne fait aucun doute.

Mais si l’on relit attentivement l’évangile, on se rend compte que Jésus n’est pas le seul à avoir été transfiguré. Il a, à ses côtés, deux personnages, des personnages bibliques dont la Bible nous rapporte qu’ils ont fait cette même expérience de la Transfiguration.

Le premier s’appelle  Moïse. Celui-ci, lorsqu’il est rentré dans la tente, que l’on appelle la tente de la rencontre au désert, a été transfiguré. Son visage rayonnait. Si vous allez à Rome, ne manquez pas d’aller voir la statue de Moïse représenté à Saint-Pierre-aux-Liens. Il est représenté par Michel Ange avec des rayons qui sortent de son front. Elie, le second personnage est aussi celui qui a fait une expérience mystique dans la Bible. Sur la Montagne du Sinaï, lui aussi a fait l’expérience de la rencontre de Dieu.

Ainsi voyons nous dans ce passage de l’Évangile, non seulement Jésus transfiguré, mais aussi Moïse et Élie transfigurés. Est-ce tout ? Relisons le texte. Si l’on y prête suffisamment attention, on s’apercevra que les apôtres ont été aussi transfigurés.

Pierre, Jacques et Jean ; les trois sont entrés sous la nuée. Ils ont fait une expérience mystique, l’expérience de Dieu, l’expérience que l’on fait lorsque l’on entre dans le cercle de Dieu : « une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent. »

La nuée, dans le lexique des théophanies, c’est la manifestation cosmique de la présence de Dieu dans le monde.

L’Évangile atteste de la Transfiguration des Apôtres. La tradition orientale porte également le témoignage de cette compréhension de la Transfiguration de l’Église apostolique. Je vous cite simplement un témoin de la tradition orientale, saint André de Crète : ” Les apôtres, sur la montagne, furent ensemble avec Dieu, au fond de ses ténèbres divines, supra lumineuses et invisibles.” (Homélie sur la Transfiguration, PG XCVII, 945)

Entrer dans l’intimité de Dieu, c’est non seulement entrer dans la lumière de Dieu, une lumière qui est plus rayonnante que la lumière, une lumière qui est parfois même ténèbres, et une lumière qui est invisible.

 

Comment pourrions-nous traduire plus familièrement cette expérience mystique ?

Cette expérience, qui est l’expérience de tous les baptisés, est l’expérience de Dieu.

Peut-être pourrions nous la comparer à l’amitié. Une amitié qui nous fait partager le meilleur, comme le dit le philosophe Cicéron : ” L’amitié, c’est le fait d’une similitude de vues, dans toutes les choses, les humaines et les divines.” (De amicitia, VI). La qualité de l’ amitié est strictement proportionnée à la qualité de la parole. Nous nous entendons, nous parlons et nous aimons discuter de choses diverses entre amis. L’amitié, c’est l’art du dialogue.

De même l’entrée dans l’amitié de Dieu permet de prêter attention à Sa parole, à ce qu’Il nous dit.

La Bible a mis cela – ainsi que toute la tradition chrétienne –   en évidence. L’on dit que Moïse parlait à Dieu, comme un ami parle à un ami. De même Elie. Et sainte Thérèse d’Avila, grande mystique espagnole du 16e siècle, disait :

“Faire oraison n’est pas autre chose qu’une amitié intime, un entretien fréquent, seul à seul, avec celui dont nous nous savons aimés.”

 

La prière, gage d’amitié avec Dieu.

Frères et sœurs, combien cela devrait être précieux à votre cœur, à votre conscience, à votre souvenir, que vous soyez appelés par Dieu : “mes amis”

“Je suis l’ami de Dieu”  pouvez-vous dire dans le secret de votre cœur. Combien l’image que se fait de lui-même un chrétien pourrait être enrichie de cette conscience qu’il est l’ami de Dieu ! L’expression de cette amitié passe par votre parole, par votre prière. Prier, ce n’est pas autre chose que de parler à Dieu.

Il y a quelques années, un prêtre accompagnant des jeunes lors d’un pèlerinage en Terre Sainte s’étonnait de voir un jeune qui ne participait pas beaucoup à la prière commune, à la  récitation des psaumes, au chapelet. Il l’aborda un jour : “Je vois  que tu n’es pas très fervent dans la prière commune, mais en revanche je te vois souvent entrer dans les églises et y rester longtemps. ” Alors ce jeune lui répondit d’un mot : ” C’est parce que je parle à Dieu. ” Il ne faisait pas la liaison que nous faisons habituellement entre  prier et parler à Dieu.

Frères et sœurs, pendant ce temps de Carême, reprenez la route de la prière. Prenez la route de l’amitié avec Dieu, de l’amitié exprimée dans des termes, dans des postures, dans du temps consacré à Dieu, dans la prière.

Que serait une amitié privée de parole ? Et que serait une amitié à laquelle on ne consacrerait pas une seule minute de sa  semaine ?

Prenons  une minute, une minute de cette semaine, pour revenir à Dieu, pour Lui dire ce que nous avons au fond du cœur, quitte à ce que cela ne soit pas nécessairement des paroles douces. Lorsque l’on a des choses à dire à Dieu, il faut les Lui dire. Il faut que notre cœur s’exprime, dans tout ce qu’il contient, à la fois de reconnaissance, parfois même d’états d’âme vis-à-vis de Lui, et de colère.

La vérité d’un dialogue n’ignore aucun sentiment, rage ou passion. Pourvu qu’ils ne soient pas offensants, mais vrais. Faites monter, de votre cœur à votre esprit, les sentiments qui vous habitent.

Entrez dans l’amitié avec Dieu, sur sa Montagne sainte.

 

Amen.

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