Alléluia : Louange de l’admiration
À l’issue de cette messe, comme une forme conclusive de notre temps de Pâques puisque demain commencera le temps ordinaire de la liturgie, nous allons chanter tous l’Alléluia dans sa forme allongée : « Allez dans la paix du Christ Allélu-u-ia, alle-e-e-e-lu-uia-a ! Vous le chanterez d’autant mieux que tout à l’heure, vous l’avez magnifiquement chanté cet Alléluia de l’évangile et je vous en félicite.
C’est l’Alléluia qui conclut le temps de Pâques. Nous le chantons sous cette forme allongée, tout simplement parce que Alléluia veut dire louer Dieu en hébreu. Il s’agit de louer Dieu comme il convient, comme il Lui convient. Comme Il est éternel, notre louange doit être elle aussi éternelle. Saint Augustin qui vivait au IVe siècle, s’étonnait que l’on répète au cours du temps de Pâques, ces alléluias qui semblaient n’en pas finir. Il s’interrogeait : pourquoi chantons-nous sans cesse, parce que, disait-il, cela convient à Dieu et cela nous convient à nous chrétiens. Nous anticipons par-là sur la terre, ce que nous chanterons sans cesse au ciel car nous irons de louange en louange, d’admiration en admiration. C’est ce que je disais avant-hier à mes étudiants, en lisant Saint Augustin avec eux. Notre ciel, n’ayons pas peur d’y aller, nous ne nous y ennuierons pas, car nous grandirons dans la connaissance de Dieu, dans l’admiration que nous aurons de Lui, de Sa lumière, de Sa beauté, de Sa grandeur. Il grandira en même temps que nous. Plus nous L’admirerons, plus Il grandira notre regard, de sorte que jamais, jamais, nous ne pourrons nous lasser de Le contempler, d’être en communion avec Lui, de recevoir de Lui Son amour qui nous comblera.
Cette louange elle vient de l’admiration, elle vient également de notre joie
La joie de recevoir Dieu Lui-même qui se donne. Dieu ne se partage pas ; comme aucun autre grand bien ne se partage, mais se donne tout entier.
Comme un amour, l’amour d’un homme pour une femme, l’amour de parents pour leurs enfants est tout entier dans le don qu’ils font d’eux-mêmes de sorte que lorsqu’on s’interroge sur le plus ou moins grand amour qu’un enfant porte à ses parents ou que les parents portent à leurs enfants, il ne peut être question de partage. Les parents aiment tout entier, leur garçon ou leur fille, ou leurs petits-enfants. Ils ne partagent pas cet amour, ils le donnent tout entier.
Tel est le don de Dieu qui se donne parfaitement à nous, du moins autant que nous puissions Le recevoir dans notre humanité, dans notre petitesse et dans notre fragilité.
La joie, c’est le fruit de l’Esprit Saint. Vous l’avez entendu dans cette belle lecture de saint Paul aux Galates qui nous a été lue, le fruit de l’Esprit, c’est la joie.
Jeudi dernier, ici même, cent jeunes filles et jeunes hommes ont été confirmés, ont reçu de l’évêque la confirmation. Cent, cela aurait fait beaucoup pour un seul homme, donc l’évêque auxiliaire était assisté du Père Gica, aumônier de Lübeck, et de moi-même. Ces jeunes ont reçu l’Esprit Saint, nous leur avons imposé les mains : ce qui est le signe très ancien de la consécration spirituelle et puis nous les avons marqués sur le front, du Saint-Chrême, parfum très saint, en leur disant : « Recevez le Saint-Esprit, soyez marqué du Saint-Esprit, le don de Dieu. A chacun, chacune, nous avons donné une parole d’encouragement, de consolation. Les plus anciens d’entre vous se souviennent peut-être que lors de leur confirmation, ils ont reçu de l’évêque une petite claque, une forme d’adoubement ; le don de force leur permettant d’être forts. Aujourd’hui, on donne plus de camouflet ! Je leur ai dit : « Surtout soyez heureux, joyeux d’être chrétien. On reçoit plein de bonnes choses lorsque l’on est chrétien, on reçoit l’espérance, l’amour, le pardon, la charité, l’intelligence. Soyez heureux d’être chrétien et témoignez-en simplement. Je ne dis pas de faire du prosélytisme. Il s’agit de dire honnêtement ce que nous sommes.
Don de l’intelligence
Cela fait partie des dons du Saint-Esprit ; science, sagesse, conseil, force, piété, crainte de Dieu et intelligence. Que veut dire intelligence ? C’est la capacité de lire entre les lignes. On reçoit en ce moment beaucoup d’informations. On croûle sous les informations, qui sont parfois tellement importantes que l’on ne sait plus où donner de la tête, qui sont parfois si contradictoires que l’on ne sait plus que penser.
L’intelligence c’est savoir lire entre les lignes ; pénétrer.
Je vais vous donner un exemple. Depuis un mois, je ne cesse de dire à ceux que je rencontre, que ce soit des fidèles, que ce soit des prêtres, même aux évêques qu’il me semble que nous autres catholiques, avons traversé ce temps de confinement, de famine, sans doute un peu mieux que le reste de la population. Cela ne veut pas dire que nous n’ayons pas souffert, qu’il n’y ait pas eu parmi nous des deuils, des souffrances, que cela n’ait pas été difficile, cela l’a été pour tous.
Mais je fonde cette analyse sur le fait très simple et objectif que par rapport au reste de la population, nous avons encore pu nous réunir. Nous catholiques, dans nos églises, nous avons pu entendre de la musique quand toutes les salles de concert étaient fermées. Nous avons pu entendre des chants, quand tous ceux, chantres et autres étaient interdits de se produire. Nous avons pu nous réconforter les uns les autres à l’issue des messes, prendre des nouvelles des uns et des autres et continuer à travers les réseaux sociaux qui ont pu être mis en place à l’occasion de cette crise.
Tout cela avec évidemment le grand bien qui consiste à communier à Dieu, au ciel qui s’ouvre chaque dimanche. Tout cela a contribué au fait que les catholiques ont mieux que d’autres traversé ce temps.
Intelliger, comprendre, pénétrer
Il vous reste un défi, à vous. Notre avenir est relativement bouché et on ne voit pas trop où sera la France demain. Il revient à chacun, de s’exercer dans cette intelligence de ce qui pourrait être proposé, pour que notre avenir, notre avenir commun, l’avenir de la France – et ce sera un défi pour les prochaines élections – soit un avenir heureux pour tous.
C’est la responsabilité de tous de pouvoir participer au débat, d’avoir l’intelligence de cette situation qui nous permettra de vivre en concorde, en paix, en harmonie, les uns avec les autres, dans la diversité des situations personnelles, communautaires, de notre beau pays.
Si vous le voulez, demandons à l’Esprit Saint de venir nous inspirer, de nous donner l’intelligence qui permet de lire ces situations qui s’entremêlent, de lire ce qui nous permettra de nous engager dans un avenir heureux pour tous et avec tous.
Amen.
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