L’évangile de ce jour nous propose les trois voies traditionnelles et universelles pour parvenir à notre fin.
La première voie est celle de la connaissance
« Tu connais les commandements… » dit Jésus à l’homme accouru à sa rencontre.
C’est la voie de la sagesse, la voie des sciences. C’est une voie que la tradition biblique ne dédaigne pas. Ainsi dans la première lecture, tirée du livre de la Sagesse, (Sg 7,7) Salomon nous dit : « J’ai prié pour que la sagesse et l’intelligence me soient données, je les ai préférées aux sceptres et aux trônes ».
Elle est aujourd’hui cette voie, très en faveur parmi nos contemporains.
Voie de la science ou des sciences comme solution pour parvenir à notre fin.
Et il faut reconnaître que les progrès des sciences, hier, aujourd’hui et demain nous encouragent à adopter cette voie. Progrès de la médecine, des moyens de communication…
Est-elle suffisante ?
Lorsque l’on parle avec des scientifiques de très haut niveau, on entend dans leurs propos, beaucoup d’humilité et de réserve même quant à l’état de leurs connaissances. Il y a plus encore. Einstein écrivait : “ce qui caractérise notre époque c’est la perfection des moyens et la confusion des objectifs.” A quel progrès moral de l’humanité la science a t-elle contribué depuis deux siècles ? Ou sommes-nous plus vertueux parce que sachant ?
La deuxième voie est celle de la loi
Jésus dit à cet homme :
Les commandements tu les connais ; Ne commets pas de meurtre, Ne commets pas d’adultère, Ne commets pas de vol, Ne porte pas de faux témoignage, Ne fais de tort à personne, Honore ton père et ta mère. |
La loi est omniprésente dans la Bible, encore plus aujourd’hui dans notre société.
Elle surplombe toute notre existence personnelle et sociale. Nous en avons eu une vue très précise ces deux derniers jours avec les propos de Mgr de Moulins Beaufort.
La loi suffit-elle ?
Nous avons tous lu Antigone et avons en mémoire le conflit toujours posé entre la loi et la conscience. La conscience s’oppose parfois légitimement à la loi.
La troisième voie est celle de la grâce
« Une seule chose te manque, dit Jésus à cet homme, ce qui te manque, c’est la pauvreté ».
Seul un cœur pauvre ouvre au don de la grâce.
Je vais prendre une comparaison.
Dans toutes nos activités, dans toutes les relations que nous nouons, ces trois voies se rencontrent.
Pour entreprendre une activité avec quelque chance de réussir, il faut des connaissances, il faut répondre aussi à des normes, des normes qui encadrent, bornent ces activités. On fait bien son métier si on le connaît, si on a acquis une compétence scientifique, de la sagesse pour performer.
Mais cela ne suffit pas.
« J’ai tout bien fait et pourtant vous m’avez mal noté » constate, dépité, celui qui voit son travail infructueux.
Alors quoi ?
« Une seule chose te manque, dit Jésus, la pauvreté ».
Seule la pauvreté ouvre à la troisième voie qui est féconde : la voie de la grâce. Grâce que l’on peut appeler, le talent, le génie, le divin.
C’est dans la privation de moyens, la restriction de moyens plutôt que dans l’accumulation que se dévoile le génie.
Nous étions hier à Giverny, en sortie paroissiale et avons pu vérifier le fait que ces impressionnistes aient voulu arriver à un maximum d’effets avec un minimum de moyens.
On le constate dans nos relations conjugales, fraternelles, amicales… Une relation féconde et véritable ne peut se dispenser de faire paraître la pauvreté de ceux et celles qui les entretiennent. C’est, je crois, une des grandes forces de la jeunesse actuelle. Un geste ou un regard portent parfois beaucoup plus que de longues paroles.
La troisième voie, celle de la grâce, c’est le chemin de la pauvreté. Demandons à Dieu la grâce de la pauvreté. Soyons pauvres devant Dieu. Souvenons-nous, au cœur de ce dimanche, de ce que disait sainte Thérèse :
Au soir de cette vie, je paraitrai devant vous, mon Dieu, les mains vides. C’est la seule condition pour recevoir votre grâce.
Amen
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