conduire nos pas au chemin de la paix
Le diagnostic
Nous sommes dans un temps de confusion extrême, de conflits, de violence verbale, de violence en acte. On s’invective dans la rue, on s’invective sur les plateaux télévisés, on s’invective dans les familles aussi hélas, on s’invective dans les communautés religieuses.
Et tout ceci aboutit à la dislocation de ces communautés, à leur fragilisation en tout cas. Et c’est ce que nous sommes aussi en train de connaître dans notre diocèse. Sans grands risques apparents, mais risques qui sont bien réels.
Tout cela, nous le savons, nous le constatons, nous le vivons, le diagnostic est là.
Mais que faire ? Vers qui aller, pour essayer de trouver un peu de paix, un peu de réconfort ; ce que la Bible appelle la consolation.
Qui nous consolera ? Qui mettra dans notre cœur un peu de baume, un peu de joie, un peu de paix ?
Allez à la crèche, haut lieu de paix
Nous avons planté au milieu de notre église, dès le premier dimanche de l’Avent, la crèche. Peut-être un peu tôt, pour certains d’entre vous, mais nous avons voulu le faire comme un signe de paix.
Le Christ, au milieu de nous symboliquement, au milieu de notre église, au milieu de notre communauté.
Et j’aimerais, chers frères et sœurs que chacun d’entre nous, nous puissions aller « croquer » à la crèche un peu de cette paix.
C’est la paix de Noël, la paix qui est proclamée par les anges dans le ciel de Bethléem : «Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix aux hommes que Dieu aime».
J’aimerais que chacun de vous puisse aller près de la crèche, tout à l’heure, à la sortie de la messe. Simplement, en famille, que vous puissiez regarder, contempler la crèche et celui qui vient dans cette mangeoire auprès de nous. Dans cette mangeoire, c’est la Parole de Dieu , le Verbe de Vie, qui veut se communiquer à tous, sous la forme du pain.
La paix, fruit de la Parole
Pour grandir dans la paix, le chemin nous le connaissons. Il n’y en a pas trente-six. C’est celui de la parole et du dialogue, il n’y a pas d’autre alternative.
Choisir le chemin du dialogue, c’est parfois accepter de supporter, non la violence, mais le tort partagé. Lorsque l’Eglise a réfléchi à ce que l’on appelle le « jus ad bellum », c’est-à-dire le droit d’entrer en guerre – étant entendu que la guerre n’est jamais juste et qu’elle est toujours moralement un mal -. Lorsque l’Eglise a réfléchi à ce droit de rentrer en guerre pour une raison légitime, elle a mis en évidence, ce qu’elle appelle la proportionnalité. Je vous lis, ce qu’écrivait, aux aumôniers militaires, le pape Pie XII en 1953. Ecoutez bien, je le cite :
« Lorsque les dommages entraînés par la guerre ne sont pas comparables à ceux de l’injustice tolérée, on peut avoir l’obligation de subir l’injustice » (Documentation catholique, 1953, col 1413).
Pourquoi est-ce que je vous dis cela ?
Parce qu’il me semble que, dans bien des cas – et je reçois beaucoup de familles qui sont confrontées sinon à la violence, du moins aux déchirements – dans la plupart des cas, si ce n’est dans la totalité des cas, pour revenir à une situation digne et juste, il faut que le dialogue s’entame.
Et ce dialogue doit s’entamer, mais d’une certaine manière.
Il faut que celui qui n’est pas en tort, se mette dans une situation, sinon de tort du moins de faiblesse. Il faut qu’il reconnaisse, lui-même, les petites fautes qui ont pu instaurer un climat de défiance, un climat de violence, un climat d’instabilité dans une famille ou dans une communauté.
Il ne faut pas commencer par l’autre, en l’attaquant, en faisant monter des griefs, mais dire : « moi aussi j’ai des torts et je te les dis et je te demande de m’en excuser.
Tel est le principe de la réconciliation, une parole d’or, une parole de paix.
C’est ainsi que, dans nos familles, dans nos communautés, dans notre diocèse, nous pouvons préserver l’essentiel de l’avenir.
Cet essentiel de l’avenir, c’est la paix. La paix dans nos familles. La paix dans nos communautés. La paix dans notre diocèse. Préserver la paix, c’est préserver l’avenir !
Que Dieu nous en fasse, à chacun et chacune d’entre nous, la grâce.
Amen.
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