Cher paroissiens et amis de Saint-Pierre de Chaillot,
On parle beaucoup de déconfinement en ce moment. Vous y aspirez tous. Mais une question bête se pose. Comment en sort-on ?
On ne sort pas habituellement d’un endroit, d’une situation, d’un état simplement pour en sortir, sinon au risque de l’errance.
Il faut sortir en se donnant un but, une finalité. « Dès que j’aurai accouché, me disait une maman il y a quelques mois, j’irai dans le meilleur restaurant de sushi de Paris. » Voilà qui est bien dit. Je viens pour ma part d’annoncer à mes étudiants que je leur donnais à tous la note minimum de 16/20, étant donné les conditions dans lesquelles ils ont suivi ce cours ce semestre. Tout ce qu’ils pourront manifester lors de l’examen final, de compréhension du sujet et du cours leur donnera des points supplémentaires.
Il faut aujourd’hui voir loin et permettre à tous de se porter en avant, d’aspirer à la sortie du cantonnement.
Quel but se donner ? Et comment le choisir ?
Sans doute ce temps de confinement vous aura-t ’il donné l’occasion de vous rendre attentifs à un point que vous n’aviez pas vu auparavant, un point de détail que ce soit dans notre vie familiale, dans votre vie professionnelle, un point de détail si important qu’il pourrait bien changer votre façon de vivre ou tout simplement de conduire votre vie professionnelle. Voir l’invisible, voir ce devant quoi l’on était passé précédemment. Et le mettre à l’honneur. Pour vous renouveler
Renouveler votre action, ajouter des initiatives à ce qui existait mais n’était pas complètement satisfaisant.
Voir ce que les autres n’avaient pas vu. Dans une salle de classe de la prestigieuse université américaine d’Harvard, quelques étudiants ont vu en 2003, ce que d’autres ne voyaient pas. La mise en ligne d’un réseau social dont on sait le succès : Facebook.
C’est à la condition que vous voyiez ce qui est caché mais qui mérite d’être découvert que vous pourrez vraiment sortir de cette crise. En vous fixant quelque objectif à atteindre jamais vu hier mais qui mérite d’être réalisé, quitte à rompre avec les habitudes anciennes, avec un mode de relation trop habituel, en laissant tomber ce qui n’a pas d’importance pour choisir ce qui vaut la peine d’être gardé, soigné, honoré. Par exemple, la prière familiale. L’attention aux plus éloignés parmi ceux de nos familles. Aux anciens, mais aussi aux enfants dont beaucoup de parents se sont rapprochés. Cultiver le dialogue, la relation parents-enfants, dans la confiance et la reconnaissance réciproque.
Pendant ce temps de confinement j’ai, pour ce qui me concerne, découvert un peu plus ce que signifie animer, avec l’aide de nombreux soutiens spirituelles et matérielles la paroisse. Et dans le même temps, vous avez pu découvrir ce que signifiait pour un prêtre dévoué, pour un prêtre banal, l’exercice du ministère de curé. Nous en ressortirons grandis dans notre considération mutuelle.
Voir l’invisible, comme saint Thomas, l’apôtre du Seigneur. Thomas a vu l’homme, et il a cru Dieu. Il a confessé le Nom de Dieu en voyant l’humanité de Jésus ressuscité.
Il n’est pas vrai que l’on vive mieux sans voir l’invisible. Voir l’invisible, c’est voir des chemins que nul autre ne voit, alors qu’ils sont là, ces chemins, sous vos yeux. C’est voir dans les yeux des hommes des étoiles que nul n’aperçoit ; étoiles d’un désir secret de bonheur et de joie, que n’apportent ni la télé, ni l’argent, ni le succès, mais la paix de la conscience, la paix de l’âme, la joie de l’âme rassasiée d’amour et de tendresse. Tout ce qui est invisible, comme est invisible le véritable amour.
Vous savez, chers paroissiens et amis de Saint-Pierre, que vous êtes infiniment aimés. Et Dieu vous donne de répondre à cet amour infini par un amour infini qui forme le quotidien de vos vies et sera aussi votre joie dans l’éternité.
Que ce trésor des cieux descendu sur la terre soit votre joie dès maintenant et dans l’éternité.
Que Dieu vous en fasse la grâce et par vous, à tous ceux auprès desquels vous en témoignez.
J. Ollier
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