L’attente possède une double vertu

Chers frères et sœurs, en ce deuxième dimanche de l’Avent, nous écoutons Jean Baptiste qui nous parle. Il nous parle de l’attente ; de l’attente lente mais féconde.

“Es-tu Celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre “ demande-t-il à Jésus, au nom de toutes les générations humaines.

 

Attendre, l’attente possède une double vertu :

1. La première vertu de l’attente est celle-là : elle nous permet de rassembler les virtualités que Dieu a mises en nous au commencement.

Elle nous rend capables de nous rassembler en nous-mêmes et de réunir toutes les virtualités que nous portons, pour les mettre au service du bien de tous. En fait, dans l’attente, c’est Dieu lui-même qui rassemble en nous ce qu’il y a en haut et en bas, dans notre esprit et notre corps, pour en faire l’unité. L’unité. Nous voyons bien que c’est l’un des défis du moment. Tant notre société et nous-mêmes sommes écartelés, dispersés. Et le plus beau service que nous pouvons rendre, me semble-t-il, aujourd’hui à notre communauté, à nos familles, à notre société, c’est d’être des ferments d’unité. Pour cela, il faut nous rassembler, nous laisser rassembler par Celui qui est Un et qui fait en nous l’unité, le Christ Dieu. Et le moyen pour qu’Il nous rassemble est que nous nous mettions en attitude d’attente.

 Qui veut être éclair, doit rester longtemps nuage, écrivait le philosophe Nietzsche (Fragment posthume 1883)

Regardez l’exemple de notre Seigneur Jésus : trente ans d’attente à Nazareth, dans le silence, avant de débuter son ministère public et de proférer une parole qui ne s’altèrera jamais.

 

2. La deuxième vertu de l’attente est celle-là : créer des espaces intérieurs.

Avez-vous remarqué combien dans une conversation, un instant de silence et d’attente peut créer la confidence. Cet instant ouvre  l’espace nécessaire à la confiance, à la confidence. J’en ai fait souvent l’expérience, et d’abord à mon détriment. C’était il y a longtemps, lorsque je commençais ma formation comme prêtre à Paris. Pendant l’année de noviciat, à la Maison Saint Augustin. Cette année nous placent tous, candidats au sacerdoce, à égalité, quels que soient notre culture, notre provenance, notre éducation, notre niveau d’enseignement.  Nous sommes tous à égalité devant Dieu et devant l’appel auquel nous tâchons de répondre. Se créent nécessairement dans ce genre de circonstances, des affinités spirituelles. Il se trouve qu’avec un de mes frères séminaristes, nous aimions nous rencontrer, marcher et discuter. Un jour, dans une discussion, il me dit : “ mais pourquoi parles-tu sans arrêt ? Fais un peu silence et attends ! “ J’ai alors compris la vertu de l’attente. C’est elle qui, dans les conversations suscite et encourage la réponse. L’attente permet à la parole d’être libérée et à la confiance d’être donnée pour qu’une parole authentique puisse s’élever. Nous en faisons l’expérience dans toutes nos conversations, et le plus souvent aussi en famille : les couples, les frères et sœurs, les parents avec leurs enfants. L’attente est une vertu chrétienne qui nous permet de nous rassembler intérieurement et d’ouvrir notre espace intérieur pour qu’il puisse produire toutes ses virtualités. Pour que nous puissions nous entendre les uns les autres. Ainsi ce fera l’unité, l’unité de notre cœur, l’unité de nos familles, de nos communautés et de notre société.

 

Que le Seigneur vous rassemble intérieurement, rassemble toutes ces paroles que vous venez d’entendre, pour que vous puissiez les faire vôtres, les accueillir dans la paix du cœur et leur faire porter du fruit.

Amen

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