Homélie du 14 novembre 2021, Père Aubin Amegnikou.
Bien chers frères et sœurs, paroissiens et paroissiennes de Saint- Pierre de Chaillot, lentement mais sûrement, nous nous acheminons vers la fin de l’année liturgique. Nous sommes déjà au 33ème dimanche ; dimanche prochain, la Solennité du Christ-Roi sera la fin de l’année liturgique B. Les textes liturgiques nous projettent dans l’eschaton, les fins dernières. La première lecture qui est une prophétie de Daniel et l’évangile qui est une apocalypse de saint Marc.
Saint Marc dans la séquence évangélique qui nous est proposée aujourd’hui, nous parle de la venue du Christ.
Jésus parlait à ses disciples de sa venue. Il est question, là, de sa seconde venue, la Parousie – celle que nous professons dans le credo : « Il reviendra à la fin des temps pour juger les vivants et les morts et son règne n’aura pas de fin.
Le Seigneur est déjà venu, il est là présent dans les sacrements et sa parole, et il reviendra à la fin des temps. Nous sommes donc dans une dynamique du « déjà » et du « pas encore ».
Le prophète Daniel dans la première lecture, parle aussi de ce jour, de cette fin des temps. « Beaucoup de gens qui dormaient dans la poussière de la terre s’éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et la déchéance éternelles ».
Saint Marc emploie pour sa part un langage apocalyptique bien effrayant, nous voyons la description de ce cataclysme naturel. « Le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. » Tout ceci a de quoi faire peur, c’est vraiment effrayant, certes, mais la clé de compréhension de cette instruction, c’est bien le caractère passager, éphémère de la création.
Seul le Créateur est et demeure éternel.
« Ciel et terre passeront, mes paroles ne passeront pas ».
Et la bonne nouvelle, qui est la pointe de l’enseignement du Christ, c’est la phrase qui suit : quand on verra tout cela, « alors on verra le fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire ».
C’est cela, la bonne nouvelle, cette venue rassurante pour nous sauver, pour rassembler les élus des quatre coins du monde. C’est vraiment une bonne nouvelle, – comme lorsque Jésus lui-même lorsque son heure fut venue de quitter ce monde vers le Père, a rassuré ses disciples, (Jn, 14 2-3) – : « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi ».
C’est cela la bonne nouvelle, il reviendra nous prendre avec Lui, pour nous introduire dans cette gloire.
Cette promesse du Christ que nous attendons tous, une promesse à laquelle nous croyons et que nous confessons, cela fait quand même deux millénaires que Jésus nous l’a faite.
Elle tarde à se réaliser et le risque, c’est peut-être de ne plus y penser ou peut-être de relativiser cette venue. Le Seigneur n’est pas encore là, même s’il est présent, il n’est pas encore revenu.
Cette fin des temps il l’a promise, mais s’il tarde à revenir c’est par amour pour nous.
Le Seigneur sait nous laisser le temps de remettre la pendule de notre vie à l’heure. Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais Il attend qu’il se convertisse et qu’il vive.
Dans l’attente de ce jour, Jésus nous invite à une grande vigilance et une préparation : « Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père ».
Le plus important, ce n’est pas de faire des prévisions sur le jour et l’heure de cette fin des temps, mais de nous y préparer.
Nous sommes donc dans une incertitude, cette incertitude nous conduit à être prêt à tout moment à accueillir le Maître quand Il viendra frapper à notre porte. Il viendra à coup sûr, puisqu’Il l’a promis. Il viendra comme un voleur dans la nuit qui ne prévient pas. Et il faut donc s’y préparer.
Comment se préparer à cette venue ?
Pour nous y préparer activement, la deuxième lecture, l’épître aux Hébreux nous invite à vivre intimement unis au Christ, qui se donne à nous dans le Saint sacrifice qu’il a offert pour nous et dont nous faisons mémorial dans l’Eucharistie. En y prenant part, il nous sanctifie et nous fait boire à la source de sa miséricorde. L’Eucharistie est la source et le sommet de notre vie. L’Eucharistie nous rassemble, l’Eucharistie fait l’Eglise et l’Eglise fait l’Eucharistie.
Le Pape François, pour sa part, nous invite aussi à avoir une attention particulière pour les pauvres. Nous sommes à la 5e édition de cette célébration, de cette journée mondiale pour les Pauvres. Je voudrais citer un passage du message qu’il nous a adressé. « Les croyants lorsqu’ils veulent voir Jésus en personne et le toucher de leurs mains, savent vers qui se tourner : les pauvres. Les pauvres, dit le Saint Père, sont un sacrement du Christ, ils rendent visible le Christ parmi nous, ils représentent sa personne et nous renvoient à lui.
Prendre soin des pauvres, c’est accueillir Jésus dont le visage est imprimé en eux. J’invite ceux qui le veulent, à relire (Mt 5, 31-46) où il est aussi question du jugement dernier et de la fin des temps. Jésus nous dit qu’à la fin des temps, le jugement sera tout simple, il nous jugera sur cette voie de la charité. Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour, sur cette charité, cette ouverture envers les pauvres. « J’étais malade, j’avais faim, j’avais soif, j’étais un étranger, j’étais nu, j’étais en prison, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait. Chaque fois que vous avez manqué de le faire, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait ».
Demandons au Seigneur de nous aider à nous préparer activement à sa venue, dans la prière et une vie de foi qui se manifeste à travers ces œuvres de générosité, de charité, de bienveillance, car c’est à l’amour que nous aurons les uns pour les autres, que l’on nous reconnaîtra comme étant ses disciples. |
Amen.
Père Aubin Amegnikou.
Un commentaire